Tournier-Glad (C.), Pauline Roland, à l’avant-garde de la pensée associative chez les instituteurs

Peu connue des milieux socialiste et féministe actuels, Pauline Roland fait cependant partie de celles qui, au XIXe siècle, ont voulu donner une image moderne de la femme ainsi qu’une conception affirmée de la citoyenne. Trop pauvre pour vivre librement dans une société qui idéalisait l’épouse confinée dans la sphère privée, trop engagée dans ses idées et ses actes pour faire face à la réaction qui a précédé et suivi le coup d’Etat de 1851, elle en a durement payé le prix. Emprisonnée puis déportée en Algérie, elle reviendra en France pour y mourir en 1852. Destin tragique mais pleinement assumé par cette femme encore jeune que tout destinait à une vie obscure et paisible en province. Née le 7 juin 1805, à Falaise, Pauline Roland est d’origine petite bourgeoise. A la mort de son mari, sa mère avait repris le bureau de poste qu’il dirigeait. Désireuse de donner une bonne éducation à ses deux filles, Pauline et Irma, en vue de bien les marier, elle les avait mises en pension puis leur avait permis de parfaire leur instruction en faisant appel à un précepteur. Incontestablement, Pauline était douée pour les études : à l’âge où les jeunes filles ont des propos et des occupations frivoles, elle désirait apprendre, et, au contact de son précepteur, faisait connaissance avec les idées nouvelles qui se répandaient dans la société intellectuelle et l’élite ouvrière. En effet, le précepteur, M. Desprez, était non seulement amoureux de son élève, mais, fait déterminant, il était saint-simonien.

Une jeune fille instruite, une femme indépendante, une mère libre

Le saint-simonisme doit son nom à Henry de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1824), le dernier des Encyclopédistes considéré aussi comme le premier des sociologues. Cet esprit original et fécond est le premier à avoir porté sur la société un regard critique ; persuadé que le fonctionnement de celle-ci ne dépendait pas du bon vouloir divin mais de celui des politiques et surtout, des économistes, il avait conçu une théorie plaçant le mérite par le travail au-dessus de celui fondé sur la naissance. Il était donc normal de retrouver dans ses fils spirituels de jeunes hommes ayant foi dans le progrès : ingénieur, comme l’était son héritier moral Prosper Enfantin, banquier comme Pereire, médecin…, ainsi qu’une élite ouvrière comme le poète Dupont ou le compagnon-menuisier Agricol Perdiguier… Certaines de ces personnalités s’illustreront dans la construction des chemins de fer, le percement du canal de Suez en Egypte, la diffusion de journaux : favoriser la communication des hommes et des idées sous toutes ses formes est le maître mot des saint-simoniens. Si la théorie paraissait claire pour l’avenir des hommes, elle était beaucoup plus floue pour celui des femmes et sujet de discorde entre les chefs de l’église saint-simonienne. En principe, l’égalité homme/femme en était le fondement ; dans les faits, les femmes, moins instruites que leurs compagnons et participant peu à la vie active du pays, avaient du mal à se faire reconnaître une autorité au sein du groupe. Néanmoins, certaines, moins ambitieuses que les hommes, ont été séduites individuellement par une doctrine dont elles ont fait un projet personnel avec tous les risques que cela comportait dans une société qui ne sublimait que la mère au foyer : être une femme libre dans ses passions et ses mœurs, indépendante financièrement et ouverte sur les problèmes du monde. Pauline Roland allait être de celles-là. En 1832, rêvant d’une vie plus riche au contact des saint-simoniens parisiens avec qui elle a noué des relations épistolaires, elle se fait embaucher à Paris comme institutrice. Bientôt, elle collabore à l’un des premiers journaux féministes, La Femme nouvelle, rédigé par de jeunes ouvrières parmi lesquelles elle rencontre une autodidacte déterminée, Jeanne Deroin. Mais beaucoup plus instruite que la majorité des jeunes filles de l’époque, elle prend bientôt part à la rédaction d’articles d’histoire et de géographie pour L’Encyclopédie nouvelle, puis écrit pour la Revue indépendante où elle côtoie le journaliste et philosophe saint-simonien, Pierre Leroux. Elle traduit des ouvrages anglais, rédige des livres d’histoire pour enfants et publie des biographies plus représentatives de ses conceptions sociales : « Pauline suit toujours le fil d’Ariane qui, à travers l’histoire, mène à la libération des hommes. » (Edith Thomas, Pauline Roland, socialisme et féminisme au XIXe siècle, 1956). Cependant, dans le climat libre et romantique qui réunit hommes et femmes saint-simoniens, la vie sentimentale de Pauline prend une tournure compliquée. Elle rencontre successivement deux hommes qu’elle aime et dont elle a trois enfants. Elle refuse de se marier avec le premier et laisse le second la quitter pour une autre : en bonne saint-simonienne, elle suit ses passions, respecte celles de ses conjoints en les dédouanant de leur responsabilité paternelle. Elle assume donc la lourde charge d’élever seule ses enfants qui portent son nom. Bien qu’elle soit une mère exemplaire, sa situation de mère-célibataire joue en sa défaveur auprès de sa sœur et de son entourage. De plus, Pauline a peut-être une vie intellectuelle riche, mais elle a un manque chronique d’argent ; ses amants ne participent guère à l’éducation des enfants et le métier de journaliste est aléatoire. Elle éprouve donc le besoin de se stabiliser. Aussi, en 1847, accepte-t-elle avec plaisir de suivre Pierre Leroux à Boussac, dans la Creuse, où il monte une imprimerie grâce aux appuis moral et financier de son amie George Sand. On y imprime L’Eclaireur de l’Indre, journal local d’opposition. Pierre Leroux, inventeur du mot socialisme en 1834, est un penseur généreux et idéaliste, mais un industriel médiocre. Une vingtaine de personnes vivent à Boussac, en association de production et de consommation ce qui répond à l’idéal de leur fondateur : faire se côtoyer sur le lieu de travail les valeurs de liberté, égalité, fraternité, avec la fonction économique. C’est dans ce cadre que Pauline accepte en 1847 de diriger l’école de l’association. Elle y trouve à la fois la stabilité financière et la possibilité de concevoir et pratiquer l’éducation socialiste. La solidarité joue à plein dans la fonction éducative, conjuguant l’action collective et le savoir. Mais l’histoire interrompt cette expérience. La révolution de février 1848 abat la monarchie, le Gouvernement provisoire proclame la Seconde République et Pierre Leroux abandonne son imprimerie de Boussac pour se faire élire député à la nouvelle assemblée élue au suffrage universel masculin. Cette élection, vécue par Pauline à Boussac, lui donne l’occasion de revendiquer le droit de vote pour les femmes : elle se présente à la mairie et fait consigner par écrit le refus du scrutateur d’accepter son bulletin (19 avril 1848). Par ce geste, Pauline affirme, comme son amie Jeanne Deroin qui s’était portée, en vain, candidate à Paris, l’importance qu’elle donne à la citoyenneté féminine.

L’association professionnelle à la conquête de la démocratie L’imprimerie va mal, et en mars 1848, Pauline Roland quitte avec regret l’école de Boussac pour revenir à Paris. A la fin de la même année, elle intervient dans un banquet sur la question de l’éducation « …un sujet qui lui tient à cœur : l’égalité de l’instruction des deux sexes et de toutes les classes sociales » (Benoîte Groult, Pauline Roland ou comment la liberté vint aux femmes, 1991). Mais dans le même temps, elle a retrouvé ses activités de journaliste. En cette période, la manifestation révolutionnaire qui l’intéresse au plus haut point est l’engouement associatif lié à la nouvelle loi que le gouvernement provisoire de la toute jeune république a votée en remplacement de la loi Le Chapelier (1791) interdisant les associations professionnelles. Dès mars 48, des centaines d’associations ouvrières ont immédiatement vu le jour dans la capitale. Pauline se livre alors à de véritables reportages sur le fonctionnement des associations parisiennes des différents corps de métiers masculins ou féminins, qu’elle publie dans le journal La République. Elle y brosse un rapide historique de l’association. Partant de l’association communale des bourgeois des XIIIe et XIVe siècles, elle voit dans ce concept un mouvement historique irréversible, à l’origine de la destruction de la féodalité comme de celle de l’entreprise bourgeoise capitaliste. Chaque association est intéressante dans son mode de fonctionnement démocratique, mais seule ne peut espérer changer fondamentalement la condition ouvrière ; c’est en s’unissant que l’on peut atteindre ce but : « Pauline, comme les saint-simoniens, comme Pierre Leroux, s’est toujours méfiée de la politique. C’est par l’organisation des travailleurs eux-mêmes que l’on arrivera à la transformation nécessaire de la société » (Edith Thomas, 1956). Pauline retrouve Jeanne Deroin à la tête de la fédération d’une centaine d’associations ouvrières. C’est dans ce contexte qu’elle va créer l’Association fraternelle des instituteurs, institutrices et professeurs socialistes, dont elle devient la représentante à la fédération des associations ouvrières (Claude Tournier-Glad, Eveil de l’identité sociale et politique de l’instituteur, thèse). Reconstruisons la situation qui a vu naître cette association : le 6 février 1849, Pérot, un maître d’internat libre fait paraître dans le journal de Proudhon, Le Peuple, une invitation à des collègues pour parler de la rémunération des heures d’enseignement ; suite à cet appel, une trentaine d’instituteurs et institutrices « libres », c’est-à-dire non rétribués par l’Etat, se retrouvent chez Pérot. Ils ne se connaissent pas mais espèrent trouver ensemble réponse à un problème concret : comment échapper à la concurrence des congrégations et trouver un moyen pour que les heures d’enseignement soient mieux rétribuées. Après avoir fait le tour de la situation, le groupe se rend compte de son impuissance. Va-t-on se séparer sur ce constat d’échec ? De ce groupe inorganisé émerge alors une personnalité qui réoriente et cristallise l’intérêt de ceux qui allaient se séparer. C’est Pauline Roland dont un jeune instituteur destitué, Gustave Lefrançais, rapporte les paroles : « Si nous ne pouvons moins encore que les ouvriers mettre fin à nos souffrances par l’association, pourquoi, puisque nous nous sommes rencontrés grâce à l’initiative du citoyen Pérot, n’en profiterions-nous pas pour examiner ensemble si notre enseignement est bien conforme à ce qu’il devrait être, étant donné les aspirations actuelles vers un état social plus équitable, plus soucieux de la liberté de ses membres, plus respectueux de leur dignité, plus vraiment égalitaire enfin ? » (Edith Thomas, 1956). Tout est annoncé : le projet d’association dont les présents sont déjà virtuellement membres, la réflexion sur le contenu de l’enseignement dispensé, la recherche d’une amélioration matérielle et morale de la situation de l’instituteur.

Une vision moderne : éduquer l’homme et la femme de l’avenir En 1849, voilà déjà seize ans que la loi Guizot sur l’enseignement primaire d’Etat a été mise en place par le ministre de l’Instruction et des Cultes de la Monarchie de Juillet. Des écoles de garçons ont été ouvertes dans presque toutes les communes, mais l’enseignement n’est ni gratuit, ni obligatoire, ni laïc. Les écoles normales d’instituteurs forment en internat de jeunes instituteurs issus du peuple. Lorsqu’ils sont nommés dans les villages, ils sont peu payés, très dépendants des autorités et du curé, déplacés ou renvoyés au moindre écart. C’est ce qui est arrivé au normalien Gustave Lefrançais, destitué pour athéisme. Bien qu’instruit, l’instituteur reste donc un mineur. La Révolution de 1848 et la proclamation de la Seconde république lui ouvrent des perspectives nouvelles ; d’autant plus que l’ancien saint-simonien, Hippolyte Carnot, nouveau ministre de l’Instruction et des Cultes, lui redonne une dignité dans la nation en l’encourageant à former le citoyen que tout homme français est devenu en participant au suffrage universel. Mais la réaction est déjà en marche, le ministre est remplacé par le comte de Falloux, la répression commence à s’abattre sur les instituteurs qui ont osé prendre parti pour une République trop sociale. Durant les mois qui suivent la rencontre de février, les protagonistes lancent un appel général aux instituteurs de France (par l’intermédiaire d’une presse ouvrière souvent socialisante), et fondent légalement leur association dont les 26 articles qui composent les statuts sont déposés à la Préfecture. Malheureusement, le fonctionnement de l’association sera de courte durée. Espionnés par la police, les dirigeants (pour la plupart socialistes républicains) sont arrêtés, proscrits ou emprisonnés, et au moment du coup d’Etat de 1851, l’association aura pratiquement disparu. Mais l’intérêt des traces de son fonctionnement réside dans le Programme d’éducation que les membres ont rédigé en commun et publié fin 49. Au travers de ce projet se révèlent déjà les aspirations fondatrices de la mentalité des instituteurs de la IIIe République. En premier, il n’est d’enseignement socialiste que républicain : les valeurs de liberté, égalité et fraternité en fondent la morale et sont enseignées dès le plus jeune âge. La scolarisation est ouverte également aux garçons et aux filles de 0 à 18 ans (date de la majorité), et divisée en six périodes de trois ans. A la crèche, les enfants sont sous la responsabilité conjointe des parents et des maîtres (à tour de rôle hommes ou femmes qui peuvent ainsi exercer une activité professionnelle). Dès la deuxième période appelée asile, (l’équivalent de l’école maternelle), puis tout au long de sa scolarité, l’élève doit recevoir une éducation morale, intellectuelle, physique et « industrielle ». Outre les arts et la « gymnastique », l’apprentissage d’une langue vivante est souhaitable dès les petites classes. Les plus grands sont initiés aux langues mortes de façon facultative. L’enseignement professionnel prend une place importante durant la dernière période. En effet, il est rappelé que tous, garçons et filles doivent être formés à un (ou deux) métier(s) à la sortie de l’école, ces dernières n’étant pas uniquement vouées à un rôle maternel. Reprenant l’esprit du projet de Carnot, l’école publique dirigée par l’Etat est assurée par des « fonctionnaires ». Même si l’esprit religieux baigne les discours de l’époque, cette école s’oriente vers la laïcité en n’enseignant aucun des dogmes religieux qui séparent les enfants dès les bancs de l’école. Aux côtés des maîtres, l’école socialiste prévoit une organisation parentale élue, décidant avec les enseignants, et pour toute la scolarité, de la moralité de l’enseignement et de l’orientation professionnelle des plus grands. Résumons la philosophie de cette éducation avant-gardiste par cette citation présente dans l’exposé du programme de la dernière période : « … nous rendrons à la société un homme, un travailleur, un citoyen, largement instruit de ses devoirs, propre à les remplir dans leur plus haute et plus sainte expression » (Appel et programme d’enseignement de l’association fraternelle des instituteurs, institutrices et professeurs socialistes, 1849). Pour des détracteurs objectifs, ce grand projet manquait de réalisme ; ni son coût, ni la formation des maîtres, ni la programmation à mettre en œuvre pour le réaliser n’étaient évoqués. Mais c’est l’idéal qu’il portait qui a condamné ses rédacteurs. En effet, fait nouveau et inquiétant pour la bourgeoisie de l’époque, l’association lie son existence à la démocratisation scolaire : l’ambition d’ouvrir l’école à tous (bourgeois et ouvriers), dans une conception intégrale, prend en compte la totalité de l’avenir de l’élève, créant le lien unissant de façon indissoluble l’émancipation de l’instituteur à celle de chaque enfant. Au delà de l’utopie du projet, le discours de l’association et du programme porte déjà en lui la triple volonté qui va guider la mise en place des organisations professionnelles enseignantes à venir : la solidarité pour parer de façon autonome aux aléas de la vie, la résistance à toutes les formes abusives de pouvoir de la part des autorités locales, administratives ou religieuses, et la prise de parole marquant l’engagement dans l’exercice même du métier. Au cours des cent ans qui vont suivre et malgré la méfiance du pouvoir, la fondation des mutuelles et des syndicats d’enseignants participeront à cette émancipation dans une volonté petit à petit partagée par les instituteurs.

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On ne peut nier le rôle fondamental que Pauline Roland a eu dans le fonctionnement de l’association. Il n’est qu’à lire les lettres qu’elle écrit de sa prison à son jeune collègue, Gustave Lefrançais lui-même en résidence surveillée. Même enfermée, elle suit le déroulement des réunions. Le fonctionnement démocratique et responsable de l’association y tient une grande place. Quant à l’esprit progressiste du programme, le pouvoir ne s’est pas trompé de cible. Entre la vie privée de l’accusée et la place de la femme dans l’éducation socialiste, il y avait trop de concordance pour que ses accusateurs n’en fassent pas mention à son procès : outrage à la morale, à la religion, à la liberté des familles justifiaient bien que Pauline apparaisse comme un exemple de déviance féminine dont l’acte d’accusation précise : « …elle, [la demoiselle Roland], professe depuis de longues années des opinions socialo-communistes. Mère sans être mariée, elle est l’ennemie du mariage qui, soumettant l’obéissance de la femme à l’autorité du mari, consacre une inacceptable inégalité. Pour elle, chrétienne par la morale et non par le dogme, le Christ est un homme et non un Dieu. Sa religion repose toute entière sur le mot socialisme » (Edith Thomas, 1956). Soupçonnée en plus de militer contre le coup d’Etat, Pauline Roland est condamnée à deux séjours dans la prison St Lazare (le premier de janvier à juillet 1851, puis de janvier à juillet 1852 pour le second). Cette dernière période est suivie d’une déportation de 5 mois en Algérie ; détenue à Oran dans des conditions difficiles avec d’autres prisonnières politiques et des prostituées, elle apporte son aide à ses compagnes d’infortune ; on l’isole alors à Sétif. Mais les autorités craignant l’intervention publique de son fils aîné Jean, lors de la remise des prix au Concours général dont il a obtenu le premier prix de discours latin, lui accordent la grâce impériale. Elle revient à Lyon pour mourir dans les bras de son fils. Pour les opposants au Second Empire, ce destin tragique et immérité transformera Pauline Roland en héroïne à laquelle Verlaine, mais d’abord Victor Hugo, dédieront chacun un poème : « Le genre humain était pour elle une famille, Comme ses trois enfants étaient l’humanité. Elle criait : progrès ! amour ! fraternité ! Elle ouvrait aux souffrants des horizons sublimes. Quand Pauline Roland eut commis tous ces crimes, Le sauveur de l’église et de l’ordre la prit Et la mit en prison… » (Les Châtiments, 1852)

Claude Tournier-Glad, « Pauline Roland (1804-1852), à l’avant-garde de la pensée associative chez les instituteurs ».
Extrait du Bulletin Archives du féminisme, n° 9, décembre 2005 : dossier « Féministes laïques de la Première vague ».