Weis (C.), Jeanne Halbwachs-Alexandre, une Alinienne dans la mêlée

Soeur du sociologue Maurice Halbwachs et ancienne élève du philosophe Émile Chartier, dit Alain, agrégée de lettres (1913) et professeure de philosophie (1916-1955), Jeanne Halbwachs-Alexandre (1890-1980) est l’une des principales figures du pacifisme intégral des années 1930.

A dix-huit ans, décidée à se faire entendre parmi les hommes, et refusant de limiter son combat aux revendications féministes – ou, plus exactement, refusant de ne lier son action qu’à la seule volonté des femmes – elle est, tel qu’elle l’écrit,  » l’une des premières, avec Marie-Hélène Latrilhe (devenue Mme Meyerson) et Jeanne Daste à forcer l’entrée du groupe des Etudiants socialistes révolutionnaires, où se trouv[ent] alors Jean Texcier [militant des Jeunesses socialistes], Henri Laugier, Ignace Meyerson, Marcel Prenant, André Blumel « . Sa détermination à participer à la vie politique, à s’y imposer malgré les obstacles et les oppositions dus à son sexe, se renforce dès l’obtention de son agrégation. Reconnue par l’Etat [1], celle-ci lui confère une légitimité dont elle veut profiter,  » us[ant] et abus[ant] de ce titre tout neuf […] dès les premiers jours, joyeusement, pour faciliter des écrits presque toujours dirigés contre l’ordre établi  » [2].

En 1914, elle adhère au parti socialiste, décidée à associer la lutte pour le suffrage des femmes à celle, prioritaire entre toutes, pour la paix. Elle n’hésite pas à intervenir et à rassembler,  » s’essaya[nt], bien que novice, à réveiller la flamme pacifiste au coeur des militants chevronnés de la XIIIe section « . Mais si elle se lance dans le combat féministe, elle le considère déjà comme  » secondaire, auxiliaire, puisque le socialisme, voire l’Humanisme, rassemblent en eux toutes les justes revendications  » :  » contre la guerre faire feu de tout bois  » [3]. Cette réflexion, datant de 1979, peut sembler rétrospective ; elle n’en est pas moins l’expression d’une conviction précoce. Son militantisme féministe, c’est-à-dire exclusivement suffragiste, n’a qu’un objectif, donner à la paix un nouvel et puissant électorat. Ainsi rejoint-elle la Ligue des femmes pour le droit des femmes (LFDF), animée par Maria Vérone [4],  » esprit de courage et d’invention  » [5], afin de combattre l’exclusion des femmes des élections  » capitales  » d’avril 1914. Agitations, mêlées d’espoirs malheureusement bien vains, regrettera-t-elle. En juillet 1914, elle se  » jette tout entière dans la lutte désespérée  » [6] conduite par Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet. Dans la petite revue dirigée par Marianne Rauze, L’Equité , elle écrit des  » articles incendiaires où il est demandé aux femmes, à l’exemple des Italiennes pendant la guerre de Tripolitaine [7], de se coucher sur les rails devant les trains de soldats en partance  » [8].

Dès octobre 1915, elle s’aperçoit que la Ligue des droits de l’homme – du moins le grand bureau du contentieux qu’elle dirige à la demande de Victor Basch – est un lieu idéal de rencontre et de  » vague conspiration  » : Rosmer est souvent là, parlant d’Alphonse Merrheim et de Marcel Martinet [9], Mathias Morhardt [10] y travaille  » en cachette  » pour la minorité pacifiste qu’il constitue, les séances de la Société d’études documentaires et critiques sur la guerre s’y préparent. Et c’est en grande partie grâce à Jeanne Halbwachs qui s’arrange pour  » rapprocher, […] rassembler les différents opposants à la censure et à la guerre  » [11]. Sa correspondance avec Michel Alexandre, qu’elle épouse en août 1916, donne une bonne idée de son dynamisme : elle multiplie les articles et les interventions, prend les contacts importants, brave sa timidité dans les joutes oratoires :

 » Imaginez que j’ai livré hier soir une bataille formidable à la 13e section. Compte rendu du congrès fédéral et vote sur les trois motions. […] Je m’attendais, en regardant les faces héroïques et les regards clairs de tant de vieux ouvriers, à ce que notre thèse soit défendue rigoureusement. Silence. Seuls les professionnels du parti se lèvent pour soutenir la proposition. J’ai demandé alors la parole après un de ces coups intérieurs dont on finit par prendre l’habitude. Je vois lever les yeux au ciel d’un air excédé en se disant : voilà une femme qui va se payer une crise de nerfs à propos de la paix.  » [12]

Dès cette époque, le féminisme de Jeanne Halbwachs est donc résolument tourné vers la paix, si bien qu’il s’éclipse avec l’entrée en guerre qui voit la majorité des femmes militantes rejoindre l’Union sacrée. En mars 1915, à la suite de l’annonce d’un congrès international de femmes prévu pour le mois d’avril et organisé à La Haye par l’Américaine Jane Addams  [13] et d’importantes associations féministes des Etats-Unis d’Amérique et de Hollande, le soutien manifesté par Jeanne Halbwachs provoque l’ » indignation muette  » des membres de l’Assemblée générale de la LFDF. Cet incident est à l’origine d’une rencontre décisive, car, dès le lendemain,  » l’hérétique  » [14] reçoit la visite de Gabrielle Duchêne : [15]  » J’étais là, et avec vous ! « , lui aurait-elle confié. La décision de répondre favorablement au Congrès est prise immédiatement. Une lettre de  » fervente adhésion et d’espérance  » est adressée à La Haye, signée de quatre ou cinq noms. Quelques semaines plus tard, le congrès annonce la création du Comité international des femmes pour la paix permanente (CIFPP) et prend les devants en mettant sur pied une section française composée des signataires de la lettre d’avril :  » Etrange naissance par la force de l’idée – qui étonn[e] et combl[e] ce petit noyau initial, grossi de quelques autres hérétiques, dont Séverine  » [16]. Acte fondateur par excellence, qui provoque la réaction simultanée de deux grandes voix pour la paix, celle du canonnier téléphoniste Alain, prudente, mais légitimée par l’action, et celle surgie de Genève, en la personne de Romain Rolland. Pour ces trois pôles de résistance, c’est se donner un territoire et continuer d’espérer.

La Grande Guerre, révélatrice de la combativité et de la radicalité du pacifisme de Jeanne Halbwachs, la voit collaborer, entre 1916 et 1917, à l’un des quotidiens de la minorité socialiste favorable à la paix, Le Populaire du Centre. Le plus frappant à la lecture de ses articles, c’est l’ingénieuse férocité avec laquelle elle attaque et brave la censure. Reprenant le plus souvent mot pour mot les propos de la propagande officielle, ses commentaires les exploitent avec infiniment de cynisme. Et malgré les obstructions censoriales, allant de la coupure partielle aux colonnes blanchies, l’opinion de la philosophe passe généralement entre les mailles pour atteindre sa cible. Pour Jeanne Alexandre,  » la densité et le sérieux de l’analyse ont caché quelque temps à la censure la vigueur militante de ces pages en leur constant et brûlant appel à la résistance féminine  » [17].

Avec Michel Alexandre, elle rédige en novembre 1915, au nom de la section française du CIFPP, la « scandaleuse » brochure Un devoir urgent pour les femmes, et s’associe à la création de la Société d’études documentaires et critiques sur la guerre. Cependant, ces groupes montrent vite des limites par leurs divisions et leur inertie. Fin 1917, la rupture semble consommée : le couple s’éloigne de la Ligue des droits de l’homme et quitte la SFIO, jugeant les pacifistes minoritaires  » trop falots  » [18]. Jeanne Alexandre continue d’adhérer à ce qui deviendra la LIFPL [19], mais sans y avoir de grandes responsabilités.

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Tout au long de l’entre-deux-guerres, Jeanne et Michel Alexandre participent activement à la publication des Libres propos, revue associant la pensée d’Alain à celle de ses disciples, et consacrée en grande partie à l’expression de leur pacifisme. Jeanne Alexandre s’investit largement dans cette aventure, et son engagement auprès des femmes s’en trouve encore diminué. Par-delà la continuité perceptible de son pacifisme entre 1914 et 1939, l’importance qu’elle accorde à la question sociale et la permanence de son humanisme sont à rapprocher de la conduite radicale de son combat pour la paix.

Les Libres propos s’ouvrent sur trois univers assez distincts. La pensée d’Alain est en première partie, toujours alerte et attentive à l’actualité, mais dépassant la stricte pensée politique, économique, sociale et culturelle. La seconde partie, dans laquelle Alain figure rarement, développe et analyse les événements politiques majeurs et leurs répercussions. Elle est  » l’Histoire objective de la planète  » [20], alimentée par une réflexion ouverte. La troisième partie est essentiellement consacrée aux livres. C’est incontestablement l’univers de Jeanne Alexandre, un univers destiné,  » en principe, plus qu’en fait « , à chasser le temporel au profit du spirituel [21]. Elle s’y distingue par l’abondance et la qualité avérée de ses critiques. Plus de 430 articles recensés, dont un peu plus de 400 critiques, sur plus de 230 auteurs analysés, de 1921 à 1935, dont un tiers de traductions. Ses choix, très représentatifs de l’actualité littéraire de l’entre-deux-guerres, sont une intéressante illustration des principales préoccupations de son temps.

Pour Jeanne Alexandre, la politique a pour fin majeure d’empêcher la guerre, et c’est bien l’ambition première de ce petit groupe d’intellectuels, faisant de chaque cahier un acte politique, avec toujours ce  » souci de joindre le sentiment populaire et la plus haute philosophie  » [22]. Et nous voyons, dans le paysage littéraire qui entoure son exercice critique, que ses choix sont résolument tournés vers la question sociale, partie intégrante d’un pacifisme qui se place bel et bien dans le prolongement de son humanisme, de sa foi en l’homme et de sa connaissance.

***

Le féminisme de Jeanne Alexandre semble moins important que son jugement « citoyen », Comme féministe, elle n’est pas une militante très représentative ; elle serait plutôt atypique. Passé la Grande Guerre, et bien que le droit de vote des femmes ne soit toujours pas acquis, sa discrétion parmi les militantes et son éloignement de la SFIO s’inscrivent pleinement dans l’histoire du féminisme français, marqué par le recul du suffragisme au profit d’un pacifisme féminin et le départ, à la suite du Congrès socialiste de Tours (1920), des féministes membres de la SFIO vers le Parti communiste. Entre contrainte de temps et choix délibéré, Jeanne Alexandre donnera la priorité à sa véritable famille de pensée, et son engagement sera celui des aliniens.

Ce particularisme féminin apparaît naturellement dans son discours de combattante pacifiste, mais aussi dans certains de ses silences, dans ses choix de militante, dans ses attachements artistiques et intellectuels. La part accordée dans ses critiques à la littérature féminine est assez faible dans l’ensemble : 9 % des analyses de Jeanne Alexandre concernent des auteurs féminins, dont une petite moitié de Françaises. Cela reflète-t-il uniquement le déséquilibre de la production littéraire de l’époque ? Certains ouvrages ne sont pas même cités, comme Mon voyage aventureux en Russie soviétique (1922) et La Femme vierge (1933) de Madeleine Pelletier ou Le Code de la femme (1926) d’Yvonne Netter. La lecture comparative de ses critiques montre, à n’en pas douter, une préférence pour les ouvrages masculins, certes plus nombreux, mais aussi plus largement analysés. Ce sont souvent de courtes présentations qui accompagnent ses commentaires des ouvrages « féminins », et rares sont les femmes dont les livres suscitent chez elle un enthousiasme propre à inspirer de larges commentaires. Ainsi, cette objectivité qui la distingue peut-être d’une masse militante plus spontanée, c’est-à-dire plus spécifiquement féministe, projette naturellement la cause des femmes sur le terrain de celle des hommes, la fond radicalement dans la logique humaniste dont nous parlions, la rendant plus évidente, plus nécessairement immédiate.

Pour Jeanne Alexandre, la paix n’admet aucun compromis avec la violence. Et son combat pour le suffrage des femmes ne vise rien d’autre que la paix, ce qui la distingue sans doute de la majorité des féministes pour qui le suffrage apporte, avant tout, l’égalité des droits. Déjà en 1915, la Lettre aux femmes de La Haye précisait :  » Les femmes se sont groupées pour réclamer leurs droits, mais leurs revendications s’inspirent d’une idée plus désintéressée, la raison profonde du féminisme c’est la volonté de faire, en empêchant la guerre, une humanité juste et meilleure  » [23]. Pour Jeanne Alexandre, nous l’avons dit, si les femmes n’amènent pas la paix avec leurs bulletins, le suffrage perd sa raison d’être :

 » Si la venue des femmes à la politique ne devait rien changer au massacre entre les peuples, c’est alors qu’il faudrait dire : à quoi bon ? On en viendrait à être presque reconnaissant aux hommes de leur défiance, trop peu méritée hélas ! à l’égard du coeur féminin » [24].

Comme l’écrit Christophe Prochasson, évoquant les articles du Populaire du Centre, Jeanne Alexandre est totalement privée de  » sensibilité féministe ou de sensiblerie féminine  » [25]. Elle a néanmoins, malgré le bellicisme des féministes pendant la Grande Guerre, la conviction que la nature des femmes est incompatible avec la guerre. Madeleine Vernet, avec qui elle partage bien des combats, offre, à cet égard,  » l’archétype de la pacifiste ’biologiste’  » [26], écrit Françoise Blum. Et si Marcelle Capy et Jeanne Mélin,  » à un degré moins systématique « , partagent aussi cette idée que  » l’expérience maternelle amène naturellement au pacifisme « , Jeanne Alexandre, quant à elle, a un  » discours plus subtil, plus nuancé « [27]. Elle admet l’importance de la nature féminine, mais elle voit aussi la paix comme le fruit de l’égalité et de la justice :  » Combien de croyances meurtrières viennent de ce qu’on oppose encore les deux moitiés de l’humanité, selon un rapport de supérieur et d’inférieur. Il n’est d’humanité que double  » [28], écrit-elle, en 1927, à l’occasion de son analyse des Femmes en guerre de Fernand Corcos qui s’interroge sur la nature  » pacifique ou belliqueuse  » des femmes et sur  » leur avènement à la politique  » comme  » gage de paix ?  » [29].

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L’entre-deux-guerres est marqué par le choc des années 1914-1918 : elles  » ont pesé à la façon d’un traumatisme profond sur le souvenir et la conscience des générations qui les ont vécues directement, aussi bien que de celles qui leur ont été immédiatement postérieures  » [30]. Cela explique en grande partie le pacifisme massif des années vingt et trente. Cependant, ce premier conflit avait déjà ses opposants, et le pacifisme de Jeanne Alexandre est antérieur à ce choc caractéristique ; il brille, au contraire, par sa constance et son intangibilité. Rares sont ceux qui, comme elle, ont combattu la guerre avec cette inébranlable fermeté. Elle est aussi, par cette permanence, une figure irréprochable du pacifisme intégral, durablement accusé d’aveuglement, sinon de défaitisme collaborationniste, parfois à outrance. [31]

La justice et l’humanité sont les maîtres mots autour desquels gravite la pensée de Jeanne Alexandre. Elles fixent ses convictions et inspirent ses actes. Pas un article qui ne les évoque, pas une idée qui ne veuille les défendre, les reconnaître, les encourager. Aussi n’est-ce pas une vaine entreprise que d’essayer de déterminer quel rôle cet idéal internationaliste a pu jouer dans la radicalisation d’un certain nombre de pacifistes, dont la pensée de Jeanne Alexandre est particulièrement représentative. Le pacifisme jusqu’au-boutiste frappe autant par sa lucidité depuis le traité de Versailles que par sa mauvaise appréciation des périls. A ce propos, son attitude à l’égard de l’Allemagne nazie inspire ces mots à Michel Bilis :

 » Toute une génération de militants engagés depuis 1919 dans une lutte noble et passionnée contre les  » iniquités  » du traité de Versailles et contre la politique de Poincaré et du Bloc national à l’égard de l’Allemagne dans les années vingt, pouvait-elle être munie, dans le feu même des événements, des éléments d’appréciation nécessaires pour opérer, le cas échéant, des revirements indispensables ?  » [32]

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Cependant, le pacifisme intégral n’est pas une constante dans l’entre-deux-guerres. Il ne s’affirme que dans la seconde moitié des années 1930. Auparavant, la France, durablement choquée par la Grande Guerre, se distingue par la multiplicité et l’antagonisme de ses forces de paix. Si son pacifisme diffère de celui des Anglais par son caractère  » politique « , tel que l’a souligné Pierre Cot [33], il est aussi différent par son hétérogénéité. Et comme le souligne Jean-Pierre Biondi :  » le pacifisme n’a pas été paisible. Il a été davantage une expérience conflictuelle qu’une démarche oecuménique, le reflet d’antagonismes idéologiques que l’expression d’un consensus  » [34]. En 1932, André Tardieu répertorie cinquante organisations pacifistes en France, dans son relevé des organisations franco-allemande pour la paix, ainsi que dix-sept groupes sympathisants [35]. Quatre ans plus tard, ce sont deux cents organisations qui apparaissent dans l’annuaire de la paix du Centre international de documentation anti-guerrière [36]. Mais ce qui frappe Norman Ingram, hormis l’extrême diversité des hommes, des femmes et des organisations pacifistes, c’est leur isolement dans une lutte dont le pacifisme n’est pas toujours une exclusivité. Par ailleurs, tous ne s’entendent pas sur le sens qu’ils donnent à la paix :  » le but des communistes diffèr[e] à l’évidence de celui de Briand, et Henri Massis, admirateur de Mussolini, n’[est] pas sur la même longueur d’onde que Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’homme  » [37], prévient Jean-Pierre Biondi. Comment réunir, du reste, les féministes, les anciens combattants, les communistes, les mouvements paysans, les anarchistes, les syndicalistes, les intellectuels internationalistes ?

C’est dans ces eaux agitées qu’évolue le petit groupe des aliniens, dont le combat pour la paix complète une volonté permanente de justice sociale. Jeanne Alexandre, par le biais de ses critiques littéraires, en souligne l’importance dans une Europe aux républiques aussi jeunes que fragiles, en proie à tous les déséquilibres. Quête décisive, préoccupation de chaque instant, qu’elle partage de façon privilégiée avec Alain, son maître à penser, dont on perçoit, en filigrane, la souveraine influence. Cet attachement prééminent pour la justice, pour toutes les causes sociales et révolutionnaires ne fait-il pas autorité sur son pacifisme ? N’explique-t-il pas son caractère radical, c’est-à-dire fondamental, la justice refusant tout compromis ? L’étude des Libres propos, qui constitue le gros de son « oeuvre » écrite, donne sur ce point un éclairage particulièrement intéressant.

Cédric Weis a soutenu en juin 2004 une maîtrise d’histoire intitulée Jeanne Halbwachs-Alexandre, une Alinienne dans la mêlée, à l’Université de Paris I, sous la direction de Pascal Ory et Michel Dreyfus. Il a obtenu le prix Mnémosyne 2004 pour ce travail qui a été publié en 2005 aux Presses de l’Université d’Angers sous le titre : Jeanne Alexandre , une pacifiste intégrale.

Cédric Weis, « Jeanne Halbwachs-Alexandre, une Alinienne dans la mêlée »
Extrait du Bulletin Archives du féminisme, n° 8, décembre 2004

 Notes

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[1] La spécialisation des agrégations féminines date du 31 juillet 1894.

[2] J. ALEXANDRE, manuscrit remis à Nicole Racine à l’occasion de la rédaction de sa biographie dans le DBMOF (1979), p. 2.

[3] Ibid., p. 2.

[4] Cf. C. BARD,  » Vérone, M. « , in Dictionnaire bibliographique du mouvement ouvrier français (DBMOF), vol. 43, pp. 162-163.

[5] J. ALEXANDRE, manuscrit remis à Nicole Racine, op. cit., p. 2.

[6] Idem.

[7] J. Alexandre, ici, fait allusion au conflit qui opposa, en 1911, l’Italie à la Turquie, et qui aboutit l’année suivante à la reconnaissance de la souveraineté italienne sur Tripoli.

[8] J. ALEXANDRE, manuscrit remis à Nicole Racine, op. cit., p. 3.

[9] Ibid., p. 4. Voir également J. PRUGNOT,  » Martinet, Marcel « , DBMOF, op. cit., vol. 36, pp. 408-412, H. DUBIEF,  » Merrheim, Alphonse « , DBMOF, op. cit., vol. 14, pp. 70-73, C. CHAMBELLAND, C. GRAS,  » Rosmer, Alfred « , DBMOF, op. cit., vol. 40, pp. 313-322.

[10] Journaliste et écrivain, rédacteur au Temps. Secrétaire général de la LDH de 1898 à 1913 (cf. N. RACINE,  » Morhardt, Mathias « , DBMOF, op. cit., vol. 37, p. 97).

[11] J. ALEXANDRE, manuscrit remis à Nicole Racine, op. cit., p. 5.

[12] Correspondance entre J. Halbwachs et M. Alexandre, BDIC, fonds Alexandre, GF Res 100.

[13] Prix Nobel de la Paix en 1931.

[14] J. ALEXANDRE, manuscrit remis à Nicole Racine, op. cit., p. 4.

[15] Gabrielle Duchêne est la fondatrice de l’Office français du travail féminin à domicile (1913) et du Comité intersyndical contre l’exploitation de la femme (1914). Elle est une figure centrale du pacifisme féminin de l’entre-deux-guerres (cf. N. RACINE et M. DREYFUS,  » Duchêne, Gabrielle « , DBMOF, op. cit., vol. 25, p. 84, mais aussi E. CARLES, « Gabrielle Duchêne et la recherche d’une autre route », Archives du féminisme, bulletin n° 7, juillet 2004, pp. 29-32.)

[16] J. ALEXANDRE, manuscrit remis à Nicole Racine, op. cit., p. 5.

[17] Ibid., p. 6.

[18] C. PROCHASSON, Les Intellectuels, le socialisme et la guerre, Seuil, 1993, p. 133.

[19] En 1919, le CIFPP devient la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL).

[20] J. ALEXANDRE, Esquisse d’une histoire des Libres propos, Association des amis d’Alain, 1967, p. 47.

[21] Idem.

[22] Ibid., p. 73.

[23] BMD, dossier J. Alexandre, Lettre aux organisatrices du Congrès international des femmes à La Haye, avril 1915.

[24] J. ALEXANDRE, “ Protestation de la loi Paul-Boncour ”, LP, avril 1927, pp. 49-50.

[25] C. PROCHASSON, Les Intellectuels, le socialisme et la guerre… op. cit., p. 110.

[26] F. BLUM,  » D’une guerre à l’autre : itinéraires d’intellectuelles pacifistes « , Intellectuelles : du genre en histoire intellectuelle, sous la dir. de Nicole Racine et Michel Trebitsch, Complexe/IHTP-CNRS, 2004, pp. 229-243.

[27] Idem.

[28] J. ALEXANDRE,  » F. Corcos, Les femmes en guerre (Montaigne, 1927) « , LP, 20 septembre 1927, pp. 307-309.

[29] Ibid.

[30] M. BILIS, Socialistes et pacifistes : l’intenable dilemme des socialistes français (1933-1939), Syros, 1979, p. 9.

[31]  » Alain, professeur de lâcheté  » titre le philosophe Jean-Toussaint Desanti dans Les Lettres françaises du 14 juin 1951 (cf. J.-F. SIRINELLI, Génération intellectuelle, Khâgneux et Normaliens dans l’entre-deux-guerres, Fayard, 1988, p. 590). Jean-François Sirinelli semble vouloir relativiser et se range à l’avis de Raymond Aron :  » Pour surmonter l’histoire, il convient d’abord de la reconnaître  » (R. ARON,  » Remarques sur la pensée politique d’Alain « , Revue de Métaphysique et de Morale, t. 57, 1952, pp. 187-199, cité par J.-F. Sirinelli, op. cit., p. 632). Voir également le jugement de M. WINOCK, Le Siècle des intellectuels, Seuil, 1997, pp. 308-310 pour Alain, pp. 388-389 pour Roger Martin du Gard.

[32] M. BILIS, op. cit., p. 131.

[33] Cité par N. INGRAM, The Politics of Dissent, Pacifism in France, 1919-1939, Clarendon Press, Oxford, 1991, p. 38.

[34] J-P BIONDI, La Mêlée des pacifistes (1914-45), Maisonneuve et Larose, 2000, p. 16.

[35] Cf.  » Les organisations pacifistes françaises  » et  » Les groupements sympathisants français « , Nous voulons la paix (cité par N. INGRAM, op. cit., p. 1).

[36] Idem.

[37] J.-P. BIONDI, op. cit., p. 25.