Offen (K.), « La plus grande féministe de France » (…) Mme Avril de Sainte-Croix

Mme Avril de Sainte-Croix

« Notre plus grande féministe ». « Peut-être la plus grande féministe de France actuellement » [1]. Telles étaient les étiquettes données dans les années 1920 et 1930 à Madame Avril de Sainte-Croix, une femme qui a presque totalement disparu de l’historiographie de la IIIe République. Il ne fait aucun doute qu’en 1929, à la veille des Etats Généraux du Féminisme, organisé par le Conseil National des Femmes Françaises (CNFF), qu’elle présida, et même à l’heure de sa mort en 1939, ces étiquettes convenaient parfaitement. Et pourtant, malgré son énorme activité publique, cette femme, journaliste à La Fronde, auteure de nouvelles, essayiste, polémiste, conférencière et organisatrice d’événements, fondatrice et secrétaire générale du CNFF, avant d’en être présidente ; chevalier, puis officier de la Légion d’honneur, suffragiste, initiatrice de la campagne contre la prostitution réglementée en France, à la tête de la section féminine du Musée Social, représentante du Comité des organisations internationales des femmes à la Société des Nations (SDN) pendant la campagne des années 1920 contre le trafic de femmes et d’enfants ; très célèbre au début des années 1930, cette femme a littéralement disparu. Elle ne figure plus que dans quelques occasionnelles notes de bas de page ou dans de brefs essais biographiques. Quel dommage ! En fait elle fut très présente sur le plan politique. Elle joua un rôle actif dans la société civile française et même mondiale, alors qu’elle n’avait même pas le droit de vote. A l’occasion de son 150e anniversaire, c’est à la fois mon plaisir et mon privilège que de rendre sa place dans l’histoire, à l’étonnante carrière de cette féministe française et citoyenne du monde qui ne méritait certainement pas de tomber dans l’oubli [2]. Seuls les ouvrages sur l’histoire du féminisme français sous la IIIe République l’intègrent dans leur récit [3]. Je souhaiterais examiner ici plusieurs facettes de son activité publique nationale et internationale, pendant quarante ans : d’abord la femme de lettres, puis l’organisatrice d’événements, puis la femme d’action multilingue doublée d’une globe-trotter. Mais dans la mesure où je n’ai nulle intention de lui rendre hommage en faisant de sa vie un simple « site d’analyse » [4], quelques informations d’ordre purement biographique me semblent appropriées. Sa vie et sa contribution aux affaires publiques sont extrêmement importantes.

Née Adrienne-Pierrette-Eugénie Glaisette en 1855, de Marc Glaisette et Marie-Louise Savioz, et connue tout d’abord sous le nom de Mademoiselle de Sainte-Croix, Eugénie Glaisette signa « Savioz » ses premiers articles et récits [5]. On la croyait Parisienne de naissance ; en fait elle était née en Suisse, dans le village de Carouge, près de Genève [6]. En 1900, à l’âge de 45 ans, elle épousa dans une cérémonie civile François Avril, ingénieur civil, duquel on ne sait d’ailleurs pratiquement rien d’autre [7]. Elle se fit alors connaître sous le nom de Madame G. Avril de Sainte-Croix. Le G. peut signifier Ghénia, diminutif d’Eugénie, mais il est possible aussi qu’il signifie Glaisette, son nom de jeune fille. Elle habitait dans le 16e arrondissement, au 1, avenue Malakoff (maintenant avenue Raymond Poincaré), mais son appartement donnait sur la place du Trocadéro [8]. A l’âge de 84 ans, elle mourut à Menton, sur la Côte d’Azur en mars 1939 et fut enterrée dans un cimetière anglais d’une exquise beauté, surplombant la Baie de Garavan, et plus loin la côte déchiquetée de l’Italie [9]. Aucun document n’a encore réapparu concernant sa jeunesse, sa vie jusqu’à 35 ans. Néanmoins, aux dires de tous, la jeune Mlle de Sainte Croix était devenue une Parisienne mondaine [10]. Son portrait par Teodor Axentowicz fut exposé au Salon en 1893 et publié dans La jeune Dame [11]. A la fin des années 1890, la presse mondaine, tel le magazine londonien Gentlewoman, signala sa présence à une matinée dansante donnée par sa tante supposée, la baronne de Montebello, dans un article qui, par ailleurs, rapporte en détail le mariage d’un Français de la haute société avec l’une des dames d’honneur de la Reine Victoria. Elle figurait au Bottin Mondain, indiquant qu’elle recevait les premier et troisième jeudis du mois, de la mi-janvier au 1er mars [12]. Mais elle n’était pas pour autant conservatrice dans ses idées. Les journaux parisiens parlèrent aussi de sa présence à la cérémonie anniversaire de la révolution cubaine, organisée par la colonie cubaine de Paris [13]. Au milieu des années 1890, Savioz publia une série d’histoires pour enfants située en Europe de l’Est [14]. Elle était indubitablement plus engagée politiquement que bon nombre de jeunes femmes célibataires de l’époque et ses opinions étaient, c’est le moins qu’on puisse dire, avancées. A partir de la fin des années 1890, lorsqu’elle commença ses enquêtes journalistiques sur la situation critique des prostituées et des femmes au travail, elle cherchait tout particulièrement à secouer une génération de femmes philanthropes plus âgées et plus conservatrices [15]. « Il est impensable que des femmes privilégiées puissent s’enfermer dans une tour d’ivoire d’irréprochabilité tout en ignorant leurs sœurs déchues » disait-elle [16]. Entre-temps elle était devenue une participante active des congrès internationaux féministes et abolitionnistes. Au congrès de 1899 du Conseil International des Femmes (CIF [17]) à Londres, elle parla de la question des femmes journalistes [18]. A partir de 1896 elle n’hésita jamais à revendiquer et défendre l’étiquette de « féministe ». Au début de 1900, elle se félicitait du triomphe du féminisme dans les salons parisiens [19].

Il faut préciser ses idées sur la religion. Savioz soutenait implacablement la tolérance religieuse, tout en étant extrêmement anti-catholique. Bien qu’elle fut associée à des protestantes libérales, telles qu’Emilie de Morsier et Julie Siegfried, il semble qu’elle n’était pas une protestante pratiquante. Dans La Fronde (12 octobre 1898), dans un article à propos des massacres huguenots, elle se décrivait comme libre-penseuse et affirmait que chacun, sur le territoire français devrait être en droit de pratiquer la religion de son choix [20]. Elle a peut-être eu des ancêtres huguenots, réfugiés en Suisse pour fuir la répression politique et religieuse. On dit qu’elle était franc-maçonne, dans une loge mixte à Paris où se trouvaient d’autres féministes [21].

En tant que journaliste et reporter chargée d’enquêtes à La Fronde (fondée fin 1897), en compagnie de Marguerite Durand, Séverine, Marie Bonnevial et Clémence Royer (qu’elle admirait beaucoup), elle rédigea un exposé très remarqué sur les conditions de vie à la prison de Saint-Lazare, dans laquelle on enfermait les prostituées [22]. Dès 1900, elle militait avec courage et détermination contre la prostitution réglementée et le trafic de femmes (ou, comme on l’appelait encore alors, la traite des blanches) [23]. En 1901, elle fonda une organisation caritative qui existe toujours, l’Œuvre Libératrice, qui tentait d’éviter aux femmes de se faire inscrire comme prostituées en leur fournissant un logement, une formation professionnelle et un suivi médical pendant trois mois [24]. Elle préconisait ardemment d’une part l’augmentation des salaires des femmes afin qu’elles ne fussent plus obligées de vendre leur corps, d’autre part la création d’un code de moralité unique (et stricte) pour les femmes et les hommes. Obtenir « A travail égal, salaire égal » améliorerait déjà bien la situation. Les hommes, comme les femmes, devaient, selon elle, avoir un comportement sexuel plus responsable [25].

Son mariage avec François Avril au mois de mai 1900 ne ralentit en rien ses activités, bien au contraire. Elle organisa des réunions sur un certain nombre d’événements féministes à la salle des Ingénieurs civils (19 rue Blanche), sans aucun doute grâce aux relations de son mari [26]. En mars 1900, elle organisa, au Grand Hôtel, un banquet en l’honneur de la grande savante féministe Clémence Royer, qu’elle admirait, aidait et encourageait avec ferveur, tout comme elle admirait l’ancienne Communarde Louise Michel. Dès 1902, elle se faisait l’ardente avocate du vote des femmes au CNFF [27].

La polyglotte Mlle de Sainte-Croix semble avoir été une voyageuse intrépide. On disait que dans sa jeunesse elle avait passé beaucoup de temps en Europe centrale (d’après son amie suisse Emilie Gourd). Elle était toujours prête à prendre la route : en 1898 elle se rendit à Londres pour le Congrès Abolitionniste International, où elle fut éblouie par Josephine Butler, la célèbre abolitionniste anglaise, qui évidemment avait lu ses articles sur la prostitution. Elle en revint en 1899 pour assister à un congrès du CIF ; en septembre, elle participa à la conférence à Genève de la Fédération Abolitionniste Internationale, dont elle rendit compte dans La Fronde (24 septembre 1899, par exemple). Elle y rencontra un certain nombre de féministes suisses, comme Emma Pieczynska et Hélène de Mulenin, et y fut remarquée encore une fois par Josephine Butler [28]. Des comptes rendus de presse indiquent qu’elle donna à plusieurs reprises des conférences en Belgique. Elle présida la section « Travail » au congrès des Œuvres et Institutions féminines en 1900, et défendit bec et ongles aussi bien le salaire égal pour femmes et hommes que des lois fortes sur le travail des enfants. Quelques semaines plus tard, au congrès des Droits des Femmes, elle présentait l’un des trois rapports d’ouverture, appelant à l’abolition de la prostitution légale et à la suppression de la double morale. En 1904, elle assistait aux réunions du CIF à Berlin, de même que Marguerite Durand et Sarah Monod. Elle y souligna fortement l’intérêt que portait le CNFF aux ouvrières ; en 1904, on la trouvait à Zurich et à Genève, parlant de la traite des femmes. Après la Première Guerre mondiale, elle se rendit en Europe centrale et de l’Est, en Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche, Hongrie et Roumanie.

On demande toujours aux femmes actives d’en faire encore plus, et, à coup sûr, cette femme fut une dirigeante de grand talent, une « fonceuse ». Selon son amie et collègue Jane Misme, elle était « née pour commander » [29]. En 1903 elle était secrétaire générale, non seulement du CNFF, mais aussi de la branche française de la Fédération Abolitionniste Internationale, qu’elle dirigeait depuis sa résidence du 1, avenue Malakoff. En 1906, faisant ses devoirs pour le CNFF, elle recevait Lady Aberdeen et les dirigeantes du CIF à Paris. Elle rédigeait les comptes rendus des conférences et publiait sans arrêt des articles qui promouvaient la cause des femmes [30]. Mme Avril de Sainte-Croix, la libre-penseuse, était PARTOUT ! En 1904, elle fut nommée par le gouvernement Combes à la commission extraparlementaire chargée d’enquêter sur la police des mœurs (1904-1908) – première femme jamais nommée à une commission gouvernementale de cette importance. Par la suite, elle fut invitée à faire partie de la commission indépendante Coulon-Chavagnes (1905-1907) qui entreprenait une étude des lois conjugales désavantageuses en France, tout en visant un remaniement total – en matière d’incapacité civile des épouses – du Code Civil centenaire. Elle fut aussi membre fondatrice et membre du bureau de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen [31].

Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’attela à des tâches patriotiques. Elle fonda des foyers-cantines pour les femmes travaillant dans les usines de guerre (l’un à Boulogne-sur-Seine pouvait nourrir 400 femmes, un autre, à Neuilly, pouvait en nourrir 100). Elle mit sur pied une section féminine au Musée Social [32]. En 1917 elle fut nommée à la commission de Travail féminin, qui devait conseiller le gouvernement sur le travail des femmes en temps de guerre. En 1918-1919, envoyée par la section féminine du Musée Social (qu’elle présidait), elle effectua une mission aux Etats-Unis, au cours de laquelle elle rencontra le président Woodrow Wilson et l’ex-président Théodore Roosevelt, et enquêta dans quatre villes américaines sur les perspectives du travail à temps partiel pour les femmes [33]. En 1919, elle s’associa, ainsi que le CNFF, à une campagne pour convaincre les leaders alliés présents à la Conférence pour la Paix de Versailles d’incorporer les femmes et leurs problèmes dans la SDN naissante (elles y réussirent en partie). Elles s’attelèrent également à convaincre les sénateurs français de se joindre aux députés pour faire passer le projet de loi pour le vote des femmes ; depuis le tout début, Mme Avril de Sainte-Croix (contrairement à certaines de ses compatriotes plus réservées du CNFF) considérait le droit de vote des femmes comme la clef de toutes les autres réformes [34]. Elle organisa le congrès triomphal du CNFF à Strasbourg en octobre 1919. En 1922 elle succéda à Julie Siegfried comme présidente du CNFF, le resta jusqu’en 1932, lorsque Marguerite Pichon-Landry la remplaça. A la suite de son tour d’Europe en 1924, elle retourna aux Etats-Unis en 1925, en passant par le Canada pour la 6e Conférence quinquennale du CIF à Washington. Elle assista à la plupart des congrès du CIF, y compris ceux de Rome en 1914, Kristiana (Norvège) en 1920 (ou elle fut élue vice-présidente) et Vienne en 1930, travaillant toujours main dans la main avec la présidente, la distinguée Ecossaise Lady Aberdeen [35]. Malgré toutes ces activités, elle trouva le moyen de participer à une autre commission du gouvernement français, la Commission de prophylaxie antivénérienne.

Il y aurait un chapitre à écrire à propos de chacune de ces activités. Le travail (gratuit) de Mme Avril de Sainte-Croix à la SDN dans les années 1920 et 1930 était absolument sans précédent. Etant donnée sa longue expérience concernant les problèmes de la prostitution réglementée et du trafic de femmes, elle fut désignée par le CIF, puis dûment nommée en avril 1922, au Comité Consultatif Permanent de la SDN, sur la question du trafic de femmes et d’enfants. Cette femme qui n’avait pas le droit de vote dans son propre pays, avait obtenu une nomination officielle auprès de la plus importante organisation internationale de l’après-guerre [36]. Soulignons que le gouvernement français n’avait pas levé le petit doigt pour l’aider à obtenir cette distinction ! Elle fut aussi nommée membre assesseur à la Commission de protection de l’enfance de la SDN. Ensuite, de 1925 à 1931, Mme Avril de Sainte-Croix fut déléguée officielle du Comité paritaire des Organisations Internationales de Femmes auprès de la SDN (puis déléguée du Comité de Liaison reconstitué) [37]. Elle fut en outre nommée déléguée à la sous-commission de la SDN concernant les questions sociales. Elle fit campagne, aussi, pour l’entrée des femmes dans la police, et milita, surtout en 1927, pour leur introduction en France [38]. Il ne fait aucun doute que Ghénia Avril de Sainte-Croix connut son heure de triomphe personnel en 1929, avec l’inauguration des Etats Généraux du féminisme à Paris, parrainés par le CNFF qu’elle présidait depuis 1922. Depuis la fin du XIXe siècle, l’utilisation du terme « féminisme » était fort contestée, comme s’il était scabreux, dans certains cercles français et internationaux. Mme Avril de Sainte-Croix tenait absolument à ce mot. Déjà en 1907, pour répondre à ceux qui dénigraient le féminisme et le mouvement pour le droit des femmes en général, elle avait publié un livre, intitulé Le Féminisme, dans lequel elle proclamait haut et fort que désormais le féminisme d’une part ne pouvait plus être arrêté, d’autre part était intrinsèquement français [39]. En 1929, elle faisait un lien entre le féminisme et les Etats Généraux de 1789, le fit encore à plusieurs reprises, en 1930 et 1931, dans des congrès centrés sur la situation économique des femmes, puis sur les femmes et la colonisation [40].

Il est important de souligner que cette femme, grande partisane des femmes au travail, n’avait aucune tolérance à l’égard de la vision tant socialiste que communiste (exprimée dans les IIe et IIIe internationales mais aussi en France par des militantes comme Louise Saumoneau et Louise Bodin) du féminisme comme « bourgeois » [41]. Dès le début, elle insista sur la solidarité entre toutes les femmes sans tenir compte de leur classe ni de leur situation, et sur la nécessité, la mission même, pour les femmes bien loties de rechercher celles qui l’étaient moins pour leur venir en aide. A partir de la fin des années 1890, juste après sa visite en 1896 de la prison de Saint-Lazare, elle soutint que pour résoudre le problème de le prostitution, il fallait donner un salaire aux femmes devant subvenir à leurs propres besoins ; elle s’était profondément engagée à, d’une part, détecter et décrire les causes de la pauvreté des femmes, d’autre part, à les aider à en sortir. Elle était contre une législation protectrice pour les ouvrières ; à partir de 1900 elle prit la parole contre l’intervention de l’Etat sur le travail des femmes [42]. Dans un article de 1906, elle soulignait que, quelles que fussent les déclarations des socialistes, et contrairement à la situation en Allemagne et en Suède, il n’y avait en France aucun antagonisme entre les femmes du CNFF et les syndicats de femmes [43]. Après la Révolution Russe, elle exprima sa colère à l’égard de la « collectivisation » des femmes par les Bolcheviques ; on en trouve des exemples dans plusieurs éditoriaux de la période, de 1919 à 1926 [44]. Quand s’achevèrent les Etats Généraux du féminisme de 1931, Mme Avril de Sainte-Croix, était toujours à la barre, mais elle avait 76 ans et était épuisée. Déjà l’année précédente, Jane Misme, dans Minerva, s’étonnait de la voir toujours rebondir en dépit de maladies répétées et de sa grande fragilité. Elle était « un miracle permanent de vitalité et d’énergie » [45]. « La doyenne » fut fêtée lors d’un banquet au CNFF fin décembre 1932 et de nouveau en février 1935, pour son 80e anniversaire [46]. Des photographies de ces événements, maintenant archivées à la Bibliothèque Marguerite Durand, montrent une vieille dame plutôt frêle. Elle mourut à l’âge de 84 ans, à la suite d’une courte maladie, en mars 1939 [47]. C’est un grand malheur que de faire plus que son temps. C’est un malheur plus grand encore que de mourir juste avant que n’éclate une guerre ; la mémoire est courte et les événements se succèdent trop rapidement. On commémore les morts de la guerre – soldats, résistants, victimes – mais pas ceux qui sont morts de cause naturelle juste avant le cataclysme. Il a coulé trop d’eau sous les ponts.

Mais toutes (et tous) n’avaient pas oublié. Commémorant le 50e anniversaire du CNFF en 1952, quelques anciennes qui avaient bien connu Mme Avril de Sainte-Croix, le politologue et membre de l’Académie Française, André Siegfried par exemple (dont la mère avait été la deuxième présidente du CNFF et avait travaillé avec Mme Avril de Sainte-Croix), loua son « esprit diplomatique et l’esprit de conversation et de conférence, avec une finesse et une autorité extraordinaires, mais qui m’impressionnait par sa subtilité », et la Baronne Boël, la présidente du CIF, parla de ses « interventions brillantes, courageuses et efficaces » à la SDN [48]. Personne n’a remarqué qu’elle était, aussi, une infatigable organisatrice.

Mme Avril de Sainte-Croix a laissé derrière elle un extraordinaire legs de services rendus au mouvement pour les droits des femmes, tant sur le plan local et national qu’international. Son héritage inclut un ensemble de travaux publiés qui comprend (en plus de ses premiers ouvrages de fiction) un livre, de nombreux articles de journaux et périodiques, de multiples volumes de comptes rendus de conférences, des rapports publiés dans comptes rendus des congrès et publications de la SDN, ainsi que de substantielles archives concernant sa carrière publique – qui comportent il est vrai d’importantes lacunes, mais n’en sont pas moins d’une valeur inestimable. Les volumineux albums de coupures de journaux qu’elle a laissés et que l’on peut consulter à la Bibliothèque Marguerite Durand (microfilmés) et au Musée Social, prouvent qu’il existe une abondante documentation concernant ses engagements publics. Ce qui manque, ce sont d’une part les renseignements plus personnels qui font souvent gravement défaut aux historiens, d’autre part sa correspondance dont on peut penser qu’elle était volumineuse. Ses lettres sont éparpillées dans différents centres d’archives, dans un grand nombre de pays, et il reste encore à les rassembler.

Conclusion : évaluer sa réussite

Mme Avril de Sainte-Croix, intrépide militante, réussit à entrer dans la société civile des années 1890, sans avoir le droit de voter. Elle est l’exemple de ce que l’initiative, le courage, l’endurance et la faculté de mise en œuvre rendaient les femmes capables d’accomplir au début du XXe siècle. Elle incarne (pour citer le contenu du récent programme d’une conférence sur la société civile et la justice du genre à Berlin), « ce type d’action individuelle et collective menée dans la société civile, caractérisée par l’initiative personnelle, l’aptitude à communiquer, l’ouverture et le pluralisme, la capacité à s’engager dans un conflit constructif tout en évitant la violence, la capacité également à établir un lien systématique entre intérêts particuliers et universels » [49]. Comme le dit Mme Avril de Sainte-Croix elle-même, en 1906, « la tâche qui attend le féminisme, et, par conséquent le Conseil International des Femmes, est non seulement d’émanciper les femmes de leur oppression séculaire mais encore de délivrer l’humanité de son immémoriale barbarie » [50]. Programme ambitieux, à tout le moins ! N’ayant jamais été, comme le dit sa contemporaine Helena Swanwick, du genre à se soumettre à « cette antique notion selon laquelle les femmes n’ont rien à faire dans la vie publique, si ce n’est nettoyer les saletés faites par les hommes » [51], Mme Avril de Sainte-Croix entendait accomplir le changement en faveur des femmes grâce à des moyens organisationnels. En France elle s’inventa « citoyenne », bien qu’étant privée de citoyenneté formelle. Au cours d’une interview au Christian Science Monitor (Boston), lors de sa visite au Etats-Unis en 1925, elle déclara « Les Françaises, en dépit du fait qu’elles ne peuvent pas voter, sont parmi les femmes les plus en avance du monde » [52]. Mais ce n’est pas tout. Lorsqu’elle avait entre 60 et 70 ans, et même après avoir dépassé les 70 ans (alors que la plupart des gens sont bien installés dans la retraite), elle eut des responsabilités officielles à la SDN, où elle représentait le CIF pour continuer le combat contre la traite internationale. Ainsi participa-t-elle de fait, à aider non seulement à construire la société civile dans son propre pays, mais à promouvoir ce que Valentine Moghadam appelle « la société civile globale » [53], grâce au mouvement international d’émancipation des femmes. Même sans le droit de vote, une citoyenne intrépide pouvait parvenir à imposer et faire peser sa présence : elle ne s’en priva pas. Comme l’a bien dit la journaliste féministe Jane Misme en 1930, en rendant hommage à Mme Avril de Sainte-Croix, « elle est le chef incontesté du féminisme français et l’un des chefs du féminisme international ; elle est, de plus, la personnalité la plus représentative dans le monde entier, de la lutte contre la traite des femmes et les institutions qui l’encouragent » [54].

Aujourd’hui, Mme Avril de Sainte-Croix est totalement oubliée de la plupart des spécialistes de l’histoire française. Les historien(ne)s du féminisme ont saisi des parcelles de sa vie et de son travail, mais aucun d’entre eux n’en a rassemblé l’histoire complète. A tout le moins, il devrait y avoir sur son immeuble du 1, avenue Poincaré à Paris, une plaque en son honneur et celui du CNFF. Beaucoup mieux, il devrait y avoir une place pour elle au Panthéon des citoyens français d’exception, une place aussi dans la galaxie des femmes qui ont contribué sur le plan international à la création de la société civile globale du XXe siècle. Car ce sont ces femmes qui ont posé les fondations sur lesquelles s’appuient aujourd’hui les ONG pour aborder les problèmes de genre aux Nations Unies. La carrière internationale de femmes telles qu’Eleanor Roosevelt, Alva Myrdal et Françoise Gaspard aurait été impossible sans celles qui les ont précédées à la SDN, à savoir ces féministes comme Madame Avril de Sainte-Croix.

Karen Offen (traduit par Michèle Bruhat), « La plus grande féministe de France ». Mais qui est donc Madame Avril de Sainte-Croix ?
Extrait du Bulletin Archives du féminisme, n°9, décembre 2005.

Notes

[1] Voir les articles de L’Atlantique, 1er février 1929 ; La Petite Gironde, 7 février 1929, tous deux dans les albums de Mme Avril de Sainte-Croix, microfilmés, Bibliothèque Marguerite Durand. Voir aussi The Paris Times, coupure d’avril 1927, BMD, dos Avr mf. bobine 6. Cette “famed French feminist” a même obtenu une notice nécrologique dans le très renommé Time magazine, 3 avril, 1939. Retour

[2] Cet article s’appuie sur une recherche menée à la Bibliothèque Marguerite Durand, au Musée social (Paris), à la bibliothèque de la SDN (Palais des Nations, Genève), aux archives de la fondation Gosteli (Suisse), à la Women’s Library [ex Fawcett Library] à Londres, au CARHIF (Centre d’Archives pour l’Histoire des femmes) de Bruxelles et à l’Institut International d’Histoire Sociale d’Amsterdam. Le meilleur article sur Mme Avril de Sainte-Croix publié de son vivant est dû à Jane Misme (Minerva, 30 novembre 1930). La meilleure nécrologie est celle d’Emilie Gourd dans Le Mouvement féministe (Genève) n° 543, 1er avril 1939. Celle de Cécile Brunschvicg dans La Française, n° 1283 (1-8 avril 1939) est aussi très informative. Voir aussi Pauline de Pange dans le Bulletin du CIF, avril 1939, p. 51. Voir aussi l’hommage donné par André Siegfried à l’occasion du 80e anniversaire de Madame Avril de Sainte-Croix, aussi dans le Bulletin du CIF, février 1935, pp. 45-46. Des opinions plus élaborées se trouvent dans Louli Sanua, Figures féminines, 1909-1939 (Paris, Siboney, n.d.). Mme Avril de Sainte-Croix est brièvement mentionnée dans de nombreux travaux récents sur le féminisme français, mais il n’y a pas d’étude approfondie. Un court article récent par Laurence Klejman et Florence Rochefort est à mentionner dans le Dictionnaire des intellectuels français. Retour

[3] Ceux de Laurence Klejman et Florence Rochefort, Christine Bard, Anne Cova. Retour

[4] Contrairement à l’histoire pratiquée par Joan W. Scott dans La Citoyenne paradoxale : Les féministes françaises et les droits de l’homme, Paris, Albin Michel, 1998. Retour

[5] À ce jour, je n’ai pu trouver aucune preuve d’un lien avec la famille des Lannes de Montebello. L’origine du pseudonyme « de Sainte-Croix » est tout aussi obscure, bien qu’il ait pu être tiré (à l’instar de Jenny P. d’Héricourt) du lieu de naissance de sa mère, dont le nom de famille était Savioz et qui était évidemment Suisse, ou au moins habitait la Suisse. Dans la presse de l’époque, Madame Avril de Sainte-Croix était parfois confondue avec Camille de Sainte-Croix, un autre écrivain de la Belle Époque – sans relation avec elle apparemment. Retour

[6] Une copie de son certificat de naissance a été obtenue aux Archives d’Etat, Genève, EC Carouge, naissances de 1855, vol. 40, n° 20 : Pierrette Glaisette. Je remercie Madame Mary Kergall pour son travail de détective généalogique. Madame Avril de Sainte-Croix fut une contemporaine de nombre de féministes importantes d’Europe et d’Amérique, y compris Emma Pieczynska-Reichenbach (née en 1854) ; Séverine (1855) ; Harriot Stanton Blatch (1856) ; Florence Kelley (1857) ; Annie Furuhjelm (1859). Retour

[7] Acte de mariage, 17 mai 1900, à la mairie du 16e arrondissement. Ce document retrouvé également par Mary Kergall, donne les renseignements concernant la naissance de Mlle Glaisette / Sainte-Croix à Carouge, avec les noms de ses parents. Curieusement, alors qu’elle était journaliste, elle est décrite comme « sans profession », mais munie du « certificat de coutume », qui atteste sa capacité de femme indépendante. François Avril, né en 1840, avait divorcé de sa première femme. Le contrat du mariage stipule « séparation de biens » mais les propriétés de chacun ne sont pas détaillées. Jusqu’ici je n’ai pas réussi à trouver la date de mort de M. Avril, mais il est probablement bien avant 1914. Retour

[8] À ma connaissance, il n’y a pas de plaque commémorative – mais il en faudrait une ! Retour

[9] Information tirée de son acte de décès, Etat Civil de la ville de Menton (Alpes-Maritimes) ; cf. E. Gourd., art. cit. Retour

[10] Dans la presse des années 1890, il est parfois question d’une Mlle de Sainte-Croix, nièce du Duc et la Baronne de Montebello, mais jusqu’ici je n’ai pas réussi à découvrir un lien avec la famille de Lannes de Montebello, dont j’ai consulté la généalogie. Retour

[11] N° du 11 novembre 1893 ; voir BMD, dos Avr mf. Bobine 4 ; voir aussi la bobine 6, mention du portrait par Axonti qui remporta la médaille d’or de l’Exposition de Paris en 1889. Le peintre en question semble être l’artiste polonais Teodor Axentowicz, bien connu pour ses portraits des femmes. Plus tard il est devenu le recteur de l’Académie de Cracovie. Retour

[12] Pour les comptes rendus de ces réunions mondaines, voir les coupures non datées dans BMD, dos Avr mf. bobine 2. Retour

[13] Cf. Bottin mondain, années 1914, 1921, 1929 et 1939. Retour

[14] Un ensemble de manuscrits de ces nouvelles peut être consulté à la BMD ; voir aussi le catalogue de la BnF à Sainte-Croix, Mlle, pour ses récits publiés, dont Les Aventures de Toto, suivi de Histoire de Biribi (1895) ; Contes russes (1895) et Les Crimes d’un perroquet (1896). Un roman feuilleton, Katinka, fût publié dans La Patrie à partir d’octobre 1895. Retour

[15] Voir sa lettre à Caroline Kaufmann, BHVP – Fonds Caroline Kaufmann, s.d. mais probablement de 1901 ou 1906 – à propos du CIF : « À leur féminisme un peu guindé, snob parfois, souvent hésitant, nous apporterons ce qu’elles nous reprochent peut-être tout bas : moins de discipline mais plus de vie » (cité par Laurence Klejman, Florence Rochefort, L’Egalité en marche, Presses FNSP / Des femmes, 1988, p. 155). Retour

[16] Voir Savioz, « Le Conseil National des Femmes Françaises », La Contemporaine, 10 novembre 1901, pp. 342-349, citation p. 348 (Albums Avril de Sainte-Croix, Musée social, volume de l’année 1901). Retour

[17] Eliane Gubin, Leen Van Molle dir., Des Femmes qui changent le monde : Histoire du Conseil international des femmes, 1888-1988., Bruxelles, Racine, 2005. Retour 

[18] Mlle de Ste Croix [sic], « La Situation économique de la femme dans le journalisme », dans Women in Professions, being the Professional Section of the International Congress of Women, London, July 1899 (London : T. Fisher Unwin, 1900), pp. 67-70. Retour

[19] Savioz, « À travers le féminisme : du salon à l’atelier », La Suisse, 13 février 1899. Retour

[20] Voir ses articles dans La Fronde, 23, 24, 25 novembre 1898 à propos de la révocation de l’Edit de Nantes. Elle estimait « que la révocation de l’Edit de Nantes fut un crime contre la France et que toute persécution religieuse est néfaste au pays qui l’exerce ou même simplement qui la tolère » (25 novembre) Dans un précédent numéro du 12 octobre, elle écrivait que sous la domination de l’Eglise catholique « nous sommes devenus au milieu d’une Europe armée et outillée pour la lutte, un peuple anémié moralement, sans initiative… » « Les nations soumises au catholicisme sont des nations condamnées ». Retour

[21] Selon Geneviève Poujol, dans Un Féminisme sous tutelle : Les protestantes françaises, 1810-1960 (Paris, Les Editions de Paris, 2003) p. 193. Dans son biographie sommaire, pp. 192-193, elle la présente comme « membre de la loge du Droit humain, » et renvoie à Rémy Boyau, Histoire de la Fédération française de l’Ordre maçonnique mixte international, Le Droit Humain, 1976. Retour 

[22] Voir les articles dans La Fronde, 15, 16, 17 décembre 1897, série « Les femmes à Saint-Lazare ». Voir également la série « La Serve », La Fronde, 21, 22, 23 janvier 1898. Tous ces articles sont signés Savioz. Retour

[23] « Rapport de Mme Savioz de Sainte-Croix », Congrès international de la Condition et des Droits des femmes, 5-8 septembre 1900 (Paris, 1901), pp. 97-111. Retour

[24] La première maison se trouvait à Auteuil. Voir Olympe Gevin-Cassal, « L’Oeuvre libératrice », dans La Fraternité en action (Genève, 1904), pp. 230-241. Je remercie Linda L. Clark pour cette référence. En 1920, l’Œuvre libératrice pouvait entretenir trois pavillons. Après la guerre, des Américaines aidèrent à l’achat du 3e pavillon et contribuèrent à la création du 4e. Voir les renseignements au Musée social. Retour

[25] Les historiens des années 1970-1990, souvent plein d’enthousiasme par rapport à la révolution sexuelle, facilitée par la contraception chimique pour les femmes, n’apprécient pas les idées sur la pureté sociale de plusieurs féministes. Voir, par exemple, le commentaire sur cette question de James F. McMillan dans France and Women, 1789-1914 : Gender, Society, and Politics (London, 1998). Retour

[26] Je n’ai pas encore découvert quand et comment François Avril mourut. Il est certain toutefois que Mme Avril de Sainte-Croix était veuve en 1914. Dans des mentions ultérieures, l’ingénieur civil est qualifié de magistrat. Est-ce une affirmation gratuite, ou devint-il réellement juge ? Retour

[27] Voir Le Journal des femmes (juin 1902), coupure dans les albums Avril de Sainte-Croix au Musée social. Retour

[28] Voir deux lettres de Josephine Butler à sa sœur Hatty, faisant un éloge enthousiaste du discours de Mlle de Sainte-Croix au meeting de Genève de la FAI en 1899 (coll. Josephine Butler, Women’s Library- ex Fawcett Library – Londres). Concernant les efforts de Mme Avril de Sainte-Croix au sujet de la prostitution, et ses relations suivies avec Josephine Butler, voir ma communication, « Intrepid Crusader : Ghénia Avril de Sainte-Croix Takes on the Prostitution Issue. » Retour

[29] Jane Misme, « Les grandes figures du féminisme : Madame Avril de Sainte-Croix », Minerva, 30 novembre 1930. Retour

[30] Cf. Wendy Perry, « Remembering Dreyfus : The Ligue des Droits de l’Homme and the Making of the Modern French Human Rights Movement » , unpublished PhD dissertation, University of North Carolina, 1998. Un grand merci à Anne Epstein qui m’a signalé cette thèse. Retour

[31] Je m’efforce de rassembler et de répertorier tous ses articles et rapports. Retour

[32] Françoise Blum, Janet Horne, « Féminisme et Musée Social : 1916-1939. La Section d’études féminines du Musée Social », Vie Sociale, n° 8-9, août-septembre 1988. Retour 

[33] Le travail des femmes et le demi-temps. Mémoires et documents n° 5, 1er juin 1919, Paris, Musée social ; voir aussi album Avril de Sainte-Croix I, vers la p. 123, conclusions de sa visite aux Etats-Unis. Egalement publié dans La Femme, fin 1918 ou début 1919 – coupure dans l’album. Retour

[34] Son enthousiasme pour le suffrage des femmes se déclara vers 1901. Elle s’en expliqua dans son livre, Le Féminisme (1907). Au mois de juillet 1914, elle se trouvait à côté de Séverine, à la tête de la manifestation suffragiste (voir les photos, BMD et dans la presse). Voir aussi son article, « Condorcet » , La Française, 15 juillet 1914. En 1919, dans son rôle de secrétaire générale du CNFF, elle était une des chefs de la campagne pour le suffrage, travaillant en équipe avec les états-majors de l’Union Française pour le Suffrage des Femmes (UFSF) et la Ligue Française pour le Droit des Femmes (LFDF). Retour

[35] Elle n’a pas assisté au congrès du CIF à Toronto en 1909. Une preuve de la grande amitié entre Mme Avril de Sainte-Croix et Lady Aberdeen se trouve dans un double hommage manuscrit (écrit en français après le décès en mars et avril 1939 de ces deux femmes), et publié en Roumanie par la princesse Alexandra Cantecuzino. Archives Nationales de Roumanie, C-AC, dosar 433, 7, 28, 29, 30. Je remercie vivement Roxana Cheschebec, qui vient de terminer sa thèse sur le mouvement des femmes en Roumanie, de m’avoir envoyé une photocopie. Selon Catecuzino, Mme Avril de Sainte-Croix a joué un rôle clé, au Congrès du CIF en 1925, à Washington, D. C., dans l’élection des féministes des pays « latins » au bureau du CIF (équilibrant ainsi le poids des « Anglo-Saxonnes »). Malgré cette grande amitié avec Lady Aberdeen, Mme Avril de Sainte-Croix n’a pas pu assister à la fête en Ecosse, vers 1927, des cinquante ans de mariage de Lord et Lady Aberdeen. Retour

[36] Voir ses rapports (publiés en français et en anglais) à l’Advisory Committee on the Traffic in Women and Children, 1923-1931, au nom des représentantes des organisations internationales des femmes (Genève, archives de la SDN et Hoover Library, Stanford University). Retour

[37] Voir son long rapport d’avril 1925 : « Les grandes associations internationales de femmes », dactylographies en français et en anglais (archives SDN). Retour

[38] Il y a une intéressante photographie de Mme Avril de Sainte-Croix, déléguée à la SDN, entourée par deux femmes officiers dans la police anglaise (Le Mouvement féministe (Genève), avec l’article d’Emilie Gourd déjà cité). Plusieurs copies existent. Retour

[39] J’ai l’intention d’analyser ce livre dans l’avenir. Retour

[40] Voir les comptes rendus in extenso : Conseil National des Femmes Françaises, Etats Généraux du Féminisme, 14-15-16 février 1929 (Paris, CNFF, 1929) ; Etats Généraux du Féminisme, 22-23 mars 1930 (Paris, CNFF, 1930) ; Etats Généraux du Féminisme, 30-31 mai 1931 (sur “La femme dans les colonies”) (Paris, CNFF, 1931). Retour

[41] Voir l’article (à paraître) de Marilyn J. Boxer, discutant les problèmes causés pour l’histoire du féminisme par l’usage péjoratif du terme « féminisme bourgeois » par les femmes et hommes socialistes européens dans les Internationales ouvrières. Retour

[42] Voir ses remarques sur ce sujet dans « Le Féminisme à l’Exposition universelle », Revue de morale sociale n° 8, décembre 1900, pp. 505-512. Retour

[43] « Le Conseil International des Femmes », La Revue : Revue des revues, 15 juin 1906, pp. 438-447, signé G. Avril de Sainte-Croix. Retour

[44] Voir en particulier G. Avril de Sainte-Croix, « La grande misère des femmes et des enfants dans l’URSS », La Française, n° 754, 17 avril 1926. Retour

[45] Jane Misme, « Les grandes figures du féminisme : Madame Avril de Sainte-Croix », art. cit. Retour

[46] Cette fête d’anniversaire donnée par le CNFF se déroula à l’Hôtel Crillon le 11 février 1935. Retour

[47] J’ai vu des nécrologies de Mme Avril de Sainte-Croix en un grand nombre de langues. Il y en a beaucoup en allemand, dans les archives Gosteli. Retour

[48] Voir CNFF, Cinquante années d’activité, 1901-1951 : la célébration du cinquantenaire, 11 janvier 1952, pp. 28, 30. Retour

[49] Conférence « Civil Society and Gender Justice », Wissenschaftskolleg, Berlin, juin 2004. Retour

[50] G. Avril de Sainte-Croix, « Le Conseil International des Femmes », La Revue : Revue des revues, 15 juin 1906, art. cit., citation p. 447. Retour

[51] Helena Swanwick, I Have Been Young, London, Gollancz, 1936, p. 316. Retour

[52] « A Leader among French Women », Christian Science Monitor, 13 [ ?] February 1925 [ ?]. Coupure dans l’album Avril de Sainte-Croix n° 2 (1922-23, 1924, 1925), Musée social. La date, écrite à la main, est difficile à déchiffrer. Jusqu’ici je n’ai pas réussi à trouver l’article dans le microfilm du journal. Retour

[53] Valentine M. Moghadam, « Engendering Citizenship, Feminizing Civil Society : The Case of the Middle East and North Africa », Women and Politics, 25 :1-2 (2003), p. 63-87, citation p. 66. Retour

[54] Jane Misme, « Les grandes figures du féminisme : Madame Avril de Sainte-Croix » , article cité. Retour