Cécile Brunschvicg (1877-1946), épouse du philosophe Léon Brunschvicg, fut une des figures les plus importantes du féminisme » réformiste » [1], tendance majoritaire du féminisme français qui militait pour l’amélioration progressive de la condition des femmes et concentrait ses efforts sur les réformes juridiques. Elle milita au sein de l’Union française pour le suffrage des femmes (association fondée en 1909 qui avait pour but de rompre avec le parisianisme du mouvement suffragiste et qui se dota de tout un réseau de groupes en province [2]), d’abord en tant que secrétaire générale à partir de 1910 puis en tant que présidente à partir de 1924, jusqu’à la fin de sa vie ; elle s’intéressa également au travail des femmes et milita pour sa reconnaissance et l’égalité des salaires au sein de la section travail du Conseil national des femmes françaises (CNFF, créé en 1901, il avait pour ambition de créer un parti de femmes, fédération de sociétés féministes et oeuvres féminines et qui entendait donner une image modérée du féminisme à l’opinion publique) qu’elle dirigea à partir de 1915. Membre du parti radical, elle fut surtout une des trois premières femmes à entrer dans un gouvernement en devenant en juin 1936 sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale dans le premier gouvernement Blum du Front Populaire [3]. Pour être complet, il faudrait aussi mentionner son activité pour la suppression de la prostitution réglementée, la lutte contre l’alcoolisme, la protection de l’enfance, autant de questions qui mobilisaient les féministes de son époque.
Ce fonds a une histoire singulière : il provient des archives pillées par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale (l’importance de Léon Brunschvicg dans le monde intellectuel français [4], la participation de Cécile Brunschvicg au Front Populaire et le fait qu’ils soient de confession juive ont guidé le choix des Allemands) puis récupérées par les Russes qui les considérèrent comme des réparations de guerre. Elles ne furent restituées à la France et à leurs ayant droits qu’en février et novembre 2000 après de nombreuses années de négociations [5]. Ce fonds n’a donc pas rencontré, par son histoire particulière, les aléas habituels des archives privées : il se révèle presque exempt de toute élimination exercée soit volontairement par le producteur, soit à la suite de changements de propriétaires. Seuls les papiers à caractère personnel ont été repris par les héritiers de Cécile Brunschvicg lors du dépôt du fonds au Centre des Archives du Féminisme. Certes ce féminisme de la » première vague » [6], qui se développe sous la Troisième République, est aujourd’hui bien connu : en s’institutionnalisant et en se dotant d’associations dotées de statuts, de programmes, de périodiques, il a produit des archives, des comptes rendus de congrès, des photographies mais un fonds d’archives privées comme celui de Cécile Brunschvicg permet de donner un autre éclairage sur cette histoire, en l’abordant d’un point de vue individuel, plus intime, qui permet de rendre compte du caractère unique du militantisme de chaque féministe.
Typologie des archives du fonds Brunschvicg
Avant toute chose, il faut noter l’extrême diversité des archives conservées dans ce fonds, richesse qui tient à plusieurs raisons : à la nature même des archives privées, à leur statut légal mal défini, et d’autre part, cela va de soi, à la diversité des activités militantes de Cécile Brunschvicg. Elles y sont classées en fonction du contexte de leur production et constituent autant de sous-ensembles : archives de l’UFSF, du CNFF, du sous-secrétariat d’Etat à l’Education nationale, du journal La Française… Au sein de ces archives privées, on peut différencier des papiers personnels, des archives associatives, des archives publiques.
Les archives proprement personnelles sont toutes les archives réunies par Cécile Brunschvicg dans le cadre de ses activités de simple militante, de membre d’associations : ce sont des documents comptables, de la correspondance, une très nombreuse documentation rassemblée par ses soins, des coupures de presse.
D’autre part, étant donné son importance dans des associations comme l’UFSF ou le CNFF, son rôle d’animatrice, les archives rassemblées concernant son activité dans ces associations peuvent être considérées comme des archives associatives, et ce d’autant plus que le fonds Brunschvicg conserve aussi, partiellement, les archives des présidentes précédentes de ces associations, sans doutes transmises à Cécile Brunschvicg lors de la passation des pouvoirs pour en assurer le fonctionnement (archives Pégard, De Witt-Schlumberger) : on trouve dans les sous-fonds de l’UFSF et du CNFF, des comptes rendus de réunions, des publications qui consignent la vie des associations, les statuts successifs de celles-ci, des pièces de comptabilité, la correspondance entre les membres des bureaux, du comité, des dossiers de documentation, des dossiers d’information à usage interne des adhérents contenant des bulletins, des circulaires et enfin des dossiers issus de la fonction communication rassemblant tout ce qui a trait à la propagande, tracts, affiches, textes de conférence, ainsi qu’une très nombreuse correspondance avec les autorités. Les archives associatives conservées dans le fonds Brunschvicg sont cependant loin d’être exhaustives car Cécile Brunschvicg ne conservait pas de manière systématique les bulletins, les comptes rendus de réunion et elle a délégué souvent de nombreuses démarches à d’autres membres ou aux secrétaires de l’association dont les archives n’ont pas été jointes aux siennes.
Enfin, on trouve dans le fonds Brunschvicg des archives publiques qui sont celles issues de sa fonction de sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale (selon la loi du 3 janvier 1979 sont en effet publiques toutes les archives qui procèdent de l’activité de l’Etat). Ceci n’a rien de surprenant car il n’était pas rare pour des ministres de conserver par devers eux les papiers produits en fonction et il est toujours difficile de distinguer les documents proprement administratifs des lettres ou des manuscrits personnels : si en théorie l’Etat garde sur ces archives un droit imprescriptible, leur revendication est souvent impossible.
Cependant, de manière générale, le fonds reste constitué essentiellement de correspondance. La pratique de la correspondance obéit à différentes fonctions qui en conditionnent la forme et l’interprétation. La parole n’y est pas la même en fonction de l’identité du destinataire. Au sein de celle-ci, il faudrait en effet faire des distinctions entre la correspondance privée, dans laquelle Cécile Brunschvicg communique avec ses amies féministes françaises ou étrangères et où le formalisme cède la place à la familiarité mais qui comporte également beaucoup d’implicite et d’autre part la correspondance administrative à l’intention des membres des associations qu’elle dirige ou auxquelles elle participe qui sont souvent plus sèches et ont un but plus strictement informatif et enfin la correspondance politique où il faut aussi prendre en compte que ce n’est pas la voix personnelle de Cécile Brunschvicg qui s’exprime mais une voix collective, celle de son association qu’elle ne fait que représenter. Ces distinctions éclairent l’interprétation que l’on peut faire de ces lettres.
Une source irremplaçable mais non sans limites
Pour l’historien(ne), l’intérêt d’un fonds d’archives privées comme celui de Cécile Brunschvicg est multiple. Il est d’abord d’une exploitation relativement facile, grâce à la curiosité et à la méticulosité de Cécile Brunschvicg qui a rassemblé une nombreuse documentation sur ses activités. En effet, pour toutes les associations avec lesquelles elle a été en contact, elle a ainsi pris soin de conserver les statuts, des bulletins de propagande, la liste de leur comité directeur, ce qui permet d’identifier rapidement les personnes avec qui elle correspondait. Le chercheur a aussi facilement accès à des documents qu’il serait long et fastidieux de rassembler : articles écrits par Cécile Brunschvicg dans divers journaux, transcriptions de ses interventions radiophoniques publiées dans la presse. Le fonds conserve également des documents inédits tels que les textes de conférences. Par ailleurs, cette masse de documentation nous renseigne sur ses méthodes de travail, la nature de ses curiosités. En particulier, connaître la nature de ses lectures permet d’évaluer sa culture politique. Le chercheur a en somme affaire à un fonds documenté par lui-même et qui répond à un certain nombre des interrogations qu’il suscite.
En particulier, la possession de la correspondance de Cécile Brunschvicg est intéressante en raison de la nature même du militantisme féminin du début du XXe siècle : en effet, fortement inscrites dans leur milieu social, les féministes » bourgeoises » de la première vague travaillent par capillarité et influence, elles distillent leurs idées dans leurs milieux, utilisent leurs réseaux, récoltent des appuis, font jouer les relais dont elles disposent. La correspondance de Cécile Brunschvicg nous renseigne ainsi sur son réseau de relations, qui sont les vecteurs de son action et qui conditionnent aussi sa façon de militer. Dans le cadre de la section travail du CNFF, Cécile Brunschvicg effectue de nombreuses démarches auprès des ministères, parfois en son nom personnel quand elle a déjà eu des contacts avec les ministres concernés dans un cadre associatif ou au sein du parti radical ou au nom de la section de façon plus formelle. Ses archives nous révèlent ainsi un militantisme polymorphe qui s’adapte à ses interlocuteurs.
La correspondance permet de pénétrer également le quotidien de la militante : l’organisation de ses journées, l’ampleur de sa tâche, ses états d’âme, ses moments de découragement – et ils étaient nombreux chez les suffragistes de la Troisième République ! La lecture de la correspondance reçue par Cécile Brunschvicg est aussi intéressante, elle nous renseigne sur la façon dont ses amis percevaient sa personnalité, la façon dont elle était perçue également dans les milieux politiques qui étaient souvent antiféministes, ce qui complète les articles de presse collectés par Cécile Brunschvicg elle-même et qui lui sont uniquement favorables. Cette dernière est le plus souvent critiquée, aussi bien par certaines féministes que par les antiféministes, pour son appartenance au parti radical, vue comme une atteinte à la neutralité de l’UFSF. Fervente républicaine, elle est parfois considérée comme franc-maçonne par la presse de droite nationaliste. De manière générale, Cécile Brunschvicg entretenait de courtoises relations avec les féministes du monde entier. Elle accordait une grande importance au mouvement féministe international et restait en contact constant avec les féministes étrangères rencontrées dans les congrès de l’AISF ou du CIF où elle se rendait de manière quasi systématique, à Rome, Berlin, Istanboul… Elle maintenait ces liens dans une optique pacifiste et militante : elle considérait comme de nombreuses féministes que leur organisation au niveau international permettait aux femmes de peser plus fortement sur les décisions prises à la Société des nations et sur la signature des conventions internationales du travail. Ses contacts avec les féministes de Genève, suisses ou françaises, avec par exemple Marguerite Thibert, économiste au Bureau international du travail, lui permettaient d’avoir un point de vue interne sur les décisions qui s’y prenaient.
La correspondance plus proprement associative permet de déterminer précisément le rôle de Cécile Brunschvicg au sein des associations qu’elle a animées, rôle qui évolue avec le temps et qui ne peut être mesuré par la simple connaissance de ses titres de présidente ou de secrétaire, qui ne reflètent pas l’implication personnelle de la militante dont le rôle réel excède souvent le titre. Ainsi, on remarque par exemple, que Cécile Brunschvicg continue, une fois présidente de l’UFSF, à entretenir des rapports étroits avec les groupes provinciaux, alors même que sa nouvelle fonction implique de s’occuper de surcroît des relations avec les associations suffragistes internationales. Si les historiens ont tenté de mesurer les effets du féminisme sur le public comme sur le privé, en matière juridique, sociale et politique comme force de transformation du système, à une échelle réduite, les archives privées avec ce qu’elles révèlent des démarches officielles faites par Cécile Brunschvicg et des réponses qu’elle a pu obtenir permettent de mesurer quel pouvait être l’impact des associations féministes sous la Troisième République. En particulier, la lecture des archives de la section travail du CNFF permet de mesurer l’apport concret du militantisme féministe en matière de travail, d’apprécier les améliorations de salaires, de conditions de travail qui ont été obtenues pour les travailleuses qui faisaient appel à Cécile Brunschvicg. C’est d’ailleurs à cette action pour la défense du travail féminin que celle-ci apporte le plus d’attention dans les années trente, estimant que c’est dans ce domaine que son action a le plus d’impact.
La lecture de la correspondance privée est particulièrement intéressante car elle s’affranchit le plus souvent des contraintes qui pèsent sur la parole publique féminine à l’époque. Ce sont bien sûr d’abord les contraintes liées à la condition féminine. Dans le cas de Cécile Brunschvicg, son statut social, la stratégie adoptée pour la conquête du suffrage, c’est-à-dire l’union des femmes de toute confession, en dehors de toute appartenance politique, influent sur sa parole. On peut en effet appréhender les idées féministes de Cécile Brunschvicg en lisant les brochures qu’elle a écrites, ses participations à des ouvrages collectifs et plus particulièrement les articles qu’elle écrivait dans La Française, journal féministe dont elle assure la direction à partir de 1926. Mais il faut bien se rendre compte que ses articles sont tributaires de leur condition d’énonciation : la ligne éditoriale qu’elle a choisie -éduquer les femmes pour les préparer à leur rôle de future électrice -, le fait que La Française soit l’organe officiel de l’UFSF qui recherche l’union de toutes les femmes autour de la revendication du suffrage, le souci de conserver ses lectrices pour la plupart plus conservatrices qu’elle l’incitent à refuser de rentrer dans des débats trop politiques et à ne privilégier que les questions sociales et d’intérêt féminin. Les articles constituent donc une source complémentaire mais qui ne rend pas complètement compte du féminisme de Cécile Brunschvicg, et reflète plutôt ses prises de position publiques, l’image qu’elle choisit ou qu’elle est contrainte de donner d’elle-même. De ce point de vue la lecture de la correspondance permet de nuancer certaines de ses prises de position car elle s’affranchit de ces contraintes et d’un certain formalisme : par exemple, tout en continuant à afficher un soutien sans faille à la cause nataliste, elle confie ainsi des doutes sur sa légitimité, en raison de la crise économique qui touche la France dans les années trente. Que dire d’une lettre trouvée dans le fonds dans laquelle Cécile Brunschvicg avoue ne pas croire au suffrage des femmes, comme à celui des hommes, elle qui a milité pour le suffrage toute sa vie et a toujours professé un profond attachement à la République ? [7] Est-ce un aveu d’échec de la mission d’éducation civique que s’est fixée l’UFSF pour former les électeurs, faut-il y voir la même inquiétude que celle de Victor Basch devant les dangers d’un suffrage universel qui a amené Hitler au pouvoir ? [8] La correspondance suscite dans ce genre de cas plus d’interrogations que de réponses car elle laisse une grande part à l’implicite.
La lecture de la correspondance de Cécile Brunschvicg se révèle donc essentiellement intéressante pour reconstituer dans toute leur complexité ses idées féministes. En dehors de ses activités suffragistes et en faveur du travail des femmes, ses archives privées permettent également de rendre visibles certains de ses engagements moins connus, dans le cadre d’associations dont elle n’était que simple membre et de révéler ainsi la diversité de ses préoccupations : par exemple, son action en faveur des réfugiés juifs chassées d’Allemagne en 1933 dans le cadre d’un service social affilié au comité national d’aide aux réfugiés allemands qu’elle met en place en 1933.
En l’absence d’autobiographie, la correspondance reste une source unique, cependant son exploitation demande à être complétée par d’autres sources. En effet, cela tient d’abord à l’incomplétude du fonds Brunschvicg et de tout fonds d’archives privées, dont la constitution n’est soumise à aucune règle à la différence des archives publiques des administrations. Ainsi, Cécile Brunschvicg n’a pas systématiquement conservé une copie des lettres envoyées par elle, manque que le chercheur peut compléter en dépouillant les fonds d’archives privées d’autres féministes ayant eu des contacts avec Cécile Brunschvicg et où figurent des lettres écrites par cette dernière : fonds Marie-Louise Bouglé conservé à la BHVP et qui rassemble les archives de diverses féministes comme Henriette Coulmy, Jeanne Bouvier ; fonds Duchêne à la BDIC ; la bibliothèque Marguerite Durand conserve le fonds Jane Misme, ainsi que des dossiers biographiques regroupant des coupures de presse, complémentaires à celles que l’on peut trouver dans le fonds Brunschvicg et réunies par Cécile Brunschvicg elle-même. Le Centre des archives du féminisme conserve aussi des fonds complémentaires à celui de Cécile Brunschvicg : les archives de Laure Beddoukh, son amie marseillaise, le fonds du CNFF qui comporte certaines archives de la section travail au moment où elle en était la présidente.
Enfin, d’autres sources complémentaires peuvent être trouvées dans les dépôts d’archives publiques : des éléments biographiques dans son dossier de légion d’honneur à la Grande Chancellerie de France, qu’elle obtient après la Première Guerre mondiale pour son action en faveur des réfugiés. En particulier, on peut consulter aux archives nationales les comptes rendus des congrès du parti radical, ce qui permet de confronter son domaine d’action concret au sein du parti, le contenu des rapports qu’elle y soumet avec les aspirations, les déceptions qu’elle exprime dans sa correspondance avec les membres du parti. On peut ainsi mesurer qu’elle était la véritable marge d’action de Cécile Brunschvicg au sein du parti radical.
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En raison de la nature même du militantisme féminin et des contraintes qui pesaient sur la parole féminine à l’époque de Cécile Brunschvicg, ses archives privées constituent une source irremplaçable pour éclairer ses prises de position féministes. Elles se révèlent complémentaires par rapport aux autres sources existantes qui rendent plutôt compte de l’activité des associations dans leur ensemble que de celle de ses membres. Elles permettent d’aborder la diversité de ses intérêts et de ses combats et aussi de mettre en lumière les réseaux de relations sur lesquelles elle s’appuie, de mesurer l’écart entre les démarches effectuées et les résultats obtenus. Elles sont cependant aussi d’une interprétation parfois difficile par ce qu’elles contiennent d’implicite, ainsi que par leur incomplétude. Ce que révèlent les archives privées de Cécile Brunschvicg ne remet certainement pas en cause son appartenance au féminisme réformateur dont elle est très représentative. Néanmoins, comme elle le considérait elle-même, le féminisme est une question personnelle, chacun(e) en a sa vision propre et c’est cette marge de liberté au sein d’un mouvement structuré que mettent en lumière ses archives privées.
Cécile Formaglio, « A propos du fonds d’archives Cécile Brunschvicg ».
Extrait du Bulletin Archives du féminisme, n° 8, décembre 2004.
Cécile Formaglio a préparé un DEA d’histoire, sous la direction de Christine Bard, à l’Université d’Angers, sur « Le féminisme de Cécile Brunschvicg ». Elle a poursuivi ses recherches dans sa thèse d’Ecole des chartes, puis a soutenu une thèse de doctorat : « Féministe d’abord ». Un engagement militant : Cécile Brunschvicg (1877-1946), dir. C. Bard, 2011 (publication prévue dans la coll. Archives du féminisme). C. Formaglio est actuellement conservatrice à la BnF.
Notes
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[1] Ne vaut-il pas mieux parler de » réformateur « , comme le suggère désormais Christine Bard, à la suite d’une remarque de Marie-Thérèse Van Lunen Chenu ? Le terme » réformiste » n’apparaît en effet pas dans les sources de l’époque. Il est de manière générale employé de manière négative par des locuteurs / locutrices défendant des positions radicales, révolutionnaires. L’adjectif réformateur permettrait d’éviter tout jugement implicite.
[2] POUBANNE (Violaine), Les groupes locaux de l’Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) : 1909-1940, Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine option Archives, Université d’Angers, 2002.
[3] Sur cette question, voir REYNOLDS (Siân), » Women and the Popular front in France : the case of three woman ministers [Cécile Brunschvicg, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore] « , French History, 1994, vol. 8, n° 2, pp. 196-224 ; REYNOLDS (Siân), » Trois dames au gouvernement (1936) « , dans BARD (Christine) (dir.), Un siècle d’antiféminisme, Paris, Fayard, 1999, p.193-204 ; THUAU (Soizic), Cécile Brunschvicg et la question de l’enfance scolarisée : l’oeuvre d’une femme au coeur de l’Etat (1936-1939), maîtrise d’histoire contemporaine option Archives, Université d’Angers, 2002.
[4] Le fonds Léon Brunschvicg, restitué en même temps que le fonds Cécile Brunschvicg, a été déposé à l’Institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), où une partie des archives du philosophe, non pillées par les Allemands, était déjà conservée. Sur Léon Brunschvicg, voir CHARLE (Christophe), Les Professeurs de la faculté des lettres de Paris : dictionnaire biographique, 1909-1939, Paris, Institut national de recherche pédagogique / éd. du CNRS, 1986.
[5] Voir CARGANICO (Sébastien), Le traitement des fonds russes : la prise en charge des archives de la Marine rapatriées de Russie, DESS d’histoire et métiers des archives, Université d’Angers, 2001.
[6] Cette métaphore des vagues, de même que l’expression » âge d’or » du féminisme, qui s’accorde avec le mythe de la Belle Epoque, utilisées pour désigner le féminisme des années 1900-1914, sont aujourd’hui remises en cause car elles occultent les continuités du mouvement féministe et son importance dans les années 1920 et 1930.
[7] CAF, 1AF 175, Lettre de Cécile Brunschvicg à Emilie Gourd, 3 avril 1936.
[8] Voir BARD (Christine), Les Filles de Marianne. Histoire des féminismes 1914-1940, Paris, Fayard, 1995, p. 56.