Thèse : H. Fleckinger, Cinéma et vidéo saisis par le féminisme (France, 1968-1981)

Compte rendu de la thèse d’Hélène Fleckinger, « Cinéma et vidéo saisis par le féminisme (France, 1968-1981) », dir. par N. Brenez, soutenue le vendredi 9 décembre 2011 à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.

Hélène Fleckinger a obtenu la mention très honorable avec les félicitations du jury.

Le jury était ainsi composé : Bruno-Nassim Aboudrar, Professeur, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, examinateur ; Christine Bard, Professeure, Université d’Angers, examinatrice ; Nicole Brenez, Professeure, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, directrice de thèse ; Alain Carou, Chef du Service Images, Bibliothèque nationale de France, examinateur ; Anne-Marie Duguet, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, rapporteure ; Jean Salem, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, rapporteur.

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Mai 1968 en France ouvre la voie à un renouveau du cinéma d’intervention sociale et politique, qui adopte le plus souvent la forme documentaire. Deux ans plus tard, émerge le Mouvement de libération des femmes (MLF), un « nouveau féminisme » qui invite les femmes à lutter contre leur oppression spécifique et pour la libre disposition de leur corps et de leur sexualité. Cette thèse propose d’étudier les rapports qui se nouent entre cinéma, vidéo et féminisme entre 1968 et 1981 en France, sous les angles à la fois historique et esthétique des pratiques de production/diffusion et des formes filmiques. Comment la caméra a-t-elle été investie pour accompagner et populariser les luttes féministes ? Quel a été l’impact du féminisme dans le champ cinématographique et vidéographique ? Un parcours au coeur d’un corpus filmique riche, protéiforme et méconnu doit permettre de dessiner cette histoire complexe et de montrer que, puissant instrument de contre-pouvoir et d’agitation directe, la caméra s’impose aussi aux femmes comme un moyen d’expression et de créativité privilégié dans leur quête d’identité individuelle et collective.

La première partie revient sur l’irruption de la « question des femmes » à l’intérieur du cinéma militant reconfiguré après mai 1968 : l’ouverture d’un front féministe spécifique au sein d’un cinéma orienté principalement vers la lutte des classes se révèle très limitée et parfois conflictuelle. La seconde partie interroge l’apparition d’une pratique féministe autonome des femmes, qui s’orientent vers une démarche politique d’auto-représentation, principalement dans le champ de la vidéo militante. S’emparer de la caméra répond ici à une exigence politique de prise de parole et de réappropriation de leur corps et de leur sexualité par l’image. Au-delà du noyau dur des films d’intervention, la troisième partie interroge les usages et les politiques féministes du cinéma. Elle soumet en particulier le « cinéma des femmes » à l’épreuve du féminisme, au crible de ses théories et de ses pratiques.