Compte-rendu de la thèse d’Alban Jacquemart, Les hommes dans les mouvements féministes français (1870-2010). Sociologie d’un engagement improbable.
Thèse de sociologie, EHESS, soutenue le 29 juin 2011 devant un jury composé de Rose-Marie LAGRAVE (directrice), Olivier SCHWARTZ (président), Christine BARD (rapporteure), Olivier FILLIEULE (rapporteur) et Catherine MARRY (examinatrice). Mention très honorable, avec félicitations du jury.
Cette thèse prend pour objet un militantisme statistiquement minoritaire et socialement improbable : l’engagement des hommes dans les mouvements féministes en France, depuis leur émergence politique à l’aube de la Troisième République jusqu’à la période contemporaine (1870-2010). À partir d’entretiens biographiques avec des militants et de sources d’archives diversifiées, elle se propose d’analyser ces engagements à la lumière de la sociologie du genre et de la sociologie du militantisme. En mobilisant la notion de « carrière militante », ce travail montre que le militantisme féministe des hommes se saisit à partir de l’articulation de dispositions individuelles, d’expériences de socialisation, de positions dans des réseaux et de contextes organisationnels. L’analyse permet alors de distinguer deux principales modalités d’engagement des hommes dans des collectifs féministes : le registre humaniste, qui fonde les revendications au nom d’un individu universel, et le registre identitaire, mobilisé à partir d’un refus des assignations de genre. Dans l’un et l’autre cas, l’engagement des hommes n’est possible qu’au prix d’une appréhension du féminisme comme un mouvement désindexé de la seule expérience des femmes. Cette thèse contribue ainsi à la compréhension du sujet politique du féminisme, mais aussi plus largement, du sujet politique des mobilisations identitaires.